Entre vaudeville et drame, Le Retour au désert de Bernard-Marie Koltès nous est servi sur le plateau des Célestins par Arnaud Meunier.
Lors de la présentation de saison du TNP, Christian Schiaretti s’était réjoui d’accueillir le méconnu Retour au désert de Bernard-Marie Koltès. Et tout spécialement en faisant affiche commune avec les Célestins, où la pièce est présentée à partir de ce mercredi dans la mise en scène d’Arnaud Meunier. L’œuvre parle de la famille et de ses secrets d’une façon drôle et inquiétante. Le plateau des Célestins est donc l’endroit idéal puisque à travers cette famille Koltès décrit une bourgeoisie sur le déclin, travaillée par sa mémoire coloniale.
Petite et grande histoires pleines de secrets
Contrairement à ce que pourrait laisser entendre son titre, ce Retour au désert n’a rien à voir avec le Sahara ni aucune autre étendue aride. Si ce n’est que la pièce de Bernard-Marie Koltès a pour arrière-fond la guerre d’indépendance algérienne, les blessures issues de notre passé colonial.
C’est une œuvre située à mi-chemin entre tragédie et vaudeville. Elle décrit le retour d’une femme qui, après quinze ans d’exil en Algérie, se réinstalle avec enfants et bagages dans la maison familiale occupée par son frère. Koltès se place sur l’un de ses terrains d’inspiration favoris, celui des règlements de comptes, des secrets qui resurgissent dans une famille bourgeoise. Il mêle avec un humour corrosif petite et grande histoires.
C’est Arnaud Meunier, l’actuel directeur de la Comédie de Saint-Étienne, dont on avait déjà vu aux Célestins les Chapitres de la chute sur la saga des Lehman Brothers et dont on a récemment salué le spectacle consacré à Anna Politkovskaïa, qui signe cette nouvelle mise en scène de l’un des textes les plus rarement montés de Koltès. Catherine Hiegel et Didier Bezace reprennent les rôles – d’une grande complexité – créés par Jacqueline Maillan et Michel Piccoli. Ce qui nous semble sacrément prometteur.
La voix des sens.Dans la nature des sourires une voix disparaît avec la chanson de l'âme silencieuse...Francesco Sinibaldi