Avec Nous ne sommes plus, la compagnie russe du KnAM Théâtre réfugiée en France depuis la guerre en Ukraine, propose une pièce saisissante, documentée par la propre histoire des comédiens en exil.
Depuis la création de Sens Interdits en 2011, Tatiana Frolova est invitée à chaque édition de ce festival lyonnais qui donne une visibilité salutaire à la création théâtrale internationale. Souvent à travers le travail d’artistes qui peuvent ainsi s’extraire pleinement de la censure, loin du contrôle de gouvernements peu enclins à leur offrir une liberté de ton.
Acte de résistance
Avec sa compagnie le KnAM Théâtre, qui propose un théâtre engagé en Russie depuis 1985, Tatiana Frolova vient de boucler aux Célestins - où elle a été accueillie en devenant artiste associée - sa première création depuis leur exil en France en février 2022, date à laquelle son pays a envahi l’Ukraine.
Dans Nous ne sommes plus, il y a une forme d’évidence à ce que les artistes du KnAM Théâtre viennent nous parler de ce départ forcé, seule échappatoire pour faire acte de résistance sans finir dans les geôles de Vladimir Poutine.
Théâtre du réel
Ainsi, chaque comédien, tour à tour, vient témoigner de sa propre vie en Russie. À partir de souvenirs d’enfance, de photos et d’objets emmenés dans leurs valises, ils tentent de raconter la réalité de la société russe, sclérosée par la peur et dévorée par des années de violence et de guerre.
Dans une mise en scène, où les corps, les objets mais aussi les matières – terre, glace et eau – parlent avec force et symboles de la déliquescence de cet immense pays, Tatiana Frolova puise dans la révolte et le déchirement des exilés pour produire une œuvre documentaire et politique poignante sur l'identité russe contemporaine. Un théâtre du réel, saisissant, devant lequel il est difficile de rester indifférent.
Nous ne sommes plus. Jusqu’au 28 octobre au théâtre des Célestins.