Thierry Frémaux
Thierry Frémaux. Crédit photo Tim Douet

Thierry Frémaux : "il y a plus de femmes à Cannes que dans le cinéma"

Délégué général du festival de Cannes, le directeur de l'Institut Lumière de Lyon est revenu sur la place des femmes dans le cinéma à l'aube de l'ouverture de la grand messe annuel du 7e art sur la croisette, ce 8 mai. Une 71e édition sur lequel planera évidemment l'ombre de l"affaire Harvey Weinstein cette année.

Seulement trois films réalisés par des femmes sur les 21 en compétition. Six mois après les révélations en série sur l'affaire Harvey Weinstein, et plus largement sur la place des femmes dans le cinéma mondial, la 71e édition du festival de Cannes, qui s'ouvre ce 8 mai, s'annonce particulièrement épiée sur cette question. C'est d'ailleurs une femme, l'actrice australienne Cate Blanchett qui a été choisie pour présider un jury composé de cinq jurés féminins et quatre masculins. Un choix établi avant la sortie du scandale Weinstein, a assuré le Lyonnais Thierry Frémaux, délégué général du festival, ce matin, au micro de France Inter.

Questionné sur ce rapport de trois réalisatrices sur 21 films en compétition, il a tenu à préciser que le ratio était plus équilibré sur la sélection. "Si (cette inégalité) est insupportable, elle ne l'est pas à Cannes, elle l'est en général, objecte Thierry Frémaux. Cannes n'est que le reflet, la conséquence, d'une longue chaîne qui veut qu'il y a, ou pas, un nombre équivalent de cinéastes femmes et hommes. Ce n'est pas le cas, et depuis très longtemps". Le directeur de l'institut Lumière assure que Cannes fait des efforts pour mettre les femmes réalisatrices sur le devant de la scène. "Il y a plus de femmes à Cannes qu'il n'y en a globalement dans le cinéma, assure-t-il. On dit que la proportion dans le monde c'est 7%, et nous à Cannes on est toujours autour de 20 % de présence de femmes metteurs en scène".

"On ne crée pas avec son sexe"

S'il se dit plutôt favorable à l'instauration de quotas, dans l'attribution des financements par exemple, et observe la parité dans les jurys, Thierry Frémaux met en insiste sur la légitimité de l'artiste avant tout. "On ne crée pas avec son sexe disait Marguerite Yourcenar", cite celui qui dit avoir interrogé les propres pratiques du festival qu'il dirige, en termes de parité et d'équité salariale par exemple. Pas de quotas dans la sélection donc. "Les femmes elles-mêmes ne veulent pas cela, elles ne veulent pas être sélectionnées parce qu'elles sont des femmes, elles veulent être sélectionnées parce qu'elle sont des artistes", assure Thierry Frémaux. Cate Blanchett présidente du jury, "on ne l'a pas choisie pour autre chose que sa légitimité propre".

Alors cette 71e édition sera-t-elle marquée par une Palme d'or décernée à une réalisatrice ? "L'année où Wajda a gagné la Palme d'or, c'était l'année de l'arrivée de Francois Mitterrand au pouvoir, et tout à coup il avait été dit c'est une palme d'or de gauche, a rappelé Thierry Frémaux sur France Inter. Un jury est influencé par ce qui l'entoure, par le contexte. Peut être qu'a un moment le jury, pas seulement Cate Blanchett qui n'a qu'une voix parmi 9 votants, va dire : 'on a vu des films de femme on a envoie de marquer cela cette année'. Mais ils auront intérêt à faire en sorte que le film en question soit légitime".

 

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