Interdit de programmer des films Netflix au festival de Cannes, Thierry Frémaux se rattrape cette année au 10e festival Lumière, “qui devient aussi un lieu d’avant-premières”. Pour lui, “le contact ne sera jamais rompu avec Netflix à Cannes”.
Ce jeudi matin, lors de l’ultime conférence de presse avant l’ouverture du festival Lumière (samedi), Thierry Frémaux est revenu sur les récentes polémiques autour de Netflix. Cette année, la plateforme n'était plus la bienvenue au festival de Cannes, car les productions présentées doivent sortir en salles en France. Or, la chronologie des médias en vigueur dans l’Hexagone impose que tout film exploité au cinéma ne soit diffusé sur les plateformes de vidéo à la demande (VOD) que trois ans plus tard. Thierry Frémaux se rattrape au festival Lumière, avec deux productions Netflix : The Other Side of the Wind, film perdu d’Orson Welles, et Roma d’Alfonso Cuaron. Pour Thierry Frémaux, à Cannes comme à Lyon, “le contact ne sera jamais rompu avec Netflix”. “Le film de Welles, je travaillais déjà dessus pour Cannes avant que Netflix le rachète, argue le patron du festival Lumière. C’est juste dingue de voir un inédit de Welles surgir comme ça ! Roma, je l’ai vu il y a un an ; pour Guillermo Del Toro [invité du festival lyonnais en 2017], c’est la chose la plus merveilleuse qu’il ait jamais vue.”
“Soit je ferme ma gueule, soit je démissionne”
Thierry Frémaux en profite pour revenir sur les deux années qui viennent de s’achever avec les débats autour de Netflix. “Cannes a décidé que les films devaient sortir en salles. C’est une règle qui se défend, qui se respecte et je comprends que les exploitants protestent contre ça. Comme dit l’autre, soit je ferme ma gueule, soit je démissionne. J’ai fait mon travail, je voulais Roma à Cannes, les règles ne m’ont pas permis de le faire. Le film a été récupéré par Venise et il a eu le Lion d’or...”
Le débat n’est pas clos, estime le directeur du festival Lumière. “Il y aura un épisode 3 l’année prochaine. Ici, à Lyon, c’est l’épisode 2.5. Netflix veut toujours venir à Cannes. Pourquoi je m’intéresse à eux et à Amazon ? Car ils financement le cinéma mondial. Il est en train de se passer un truc, le cinéma est attaqué sur ses supports. Avant, une œuvre de cinéma, ça sortait en salles. Aujourd’hui, c’est plus flou. Dans le conseil d’administration de Cannes, le débat est déverrouillé, pas que sur Netflix mais aussi face aux temps qu’on va vivre.”
“Martin Scorsese qui bosse sur The Irishman produit par Netflix, fait-il un travail différent ? Mes camarades me disent qu’il y a toujours un type qui dit “plus de gros plans” lors du tournage. Sur les petits écrans, les plans larges, c’est moins bien. Mes enfants louent des films sur leur iPad alors qu’on a le DVD à la maison, ce sont des nouveaux modes de consommation et c’est une époque passionnante”, conclut Thierry Frémaux.