ÉVÉNEMENT. Programmé par le théâtre de la Renaissance, Histoire du soldat, une pièce de Charles-Ferdinand Ramuz mise en musique par Igor Stravinsky, n’est pas seulement un événement attendu. C’est aussi une première : Thomas Fersen monte pour l’occasion sur les planches non pas comme chanteur mais comme comédien.
Non, même s’il se prépare depuis des mois à arpenter la scène du théâtre de la Renaissance pour y interpréter Histoire du soldat, Thomas Fersen n’a pas l’intention de changer de métier. Il reste bel et bien, avant tout, auteur, chanteur et compositeur. D’ailleurs, sitôt les représentations terminées, il reprendra sa tournée, commencée début 2011, autour de son dernier album Je suis au paradis – vrai petit bijou aux textes et musiques ciselés, soit dit en passant. Mais, comme il l’affirme, “lorsque de belles occasions se présentent, il faut les saisir”.
L’occasion a donc fait le larron. Quand Roland Auzet, metteur en scène du spectacle, l’a contacté par l’intermédiaire de son ami Geoffroy Jourdain, chargé de la direction musicale, pour lui faire part de son envie de travailler avec lui, le projet s’est promptement mis en route. D’autant que le créateur du Bal des oiseaux ne partait pas non plus dans l’inconnu. Il est en effet habitué, lors de ses concerts, à dire des textes sans musique. Et il a également fait plusieurs lectures, notamment d’Henry de Montherlant et de Michel Tournier. Sans compter, même s’il qualifie l’expérience d’“anecdotique”, qu’il a récemment participé au film de Joann Sfar Gainsbourg, vie héroïque.
Fleur au violon
Cependant l’attrait de l’aventure est venu, pour l’essentiel, du texte de Charles-Ferdinand Ramuz. Thomas Fersen s’est entièrement retrouvé dans cet univers. Un conte d’inspiration faustienne où l’on voit un jeune soldat se laisser embobiner par le diable, au point de lui céder son violon, c’est-à-dire son âme, en échange de belles promesses. “C’est l’aspect intemporel et universel, tout en étant moderne puisque l’histoire parle aussi de Bourse et d’actions, qui m’a d’abord touché”, avoue-t-il.
Il s’est ensuite laissé embarquer par la langue de Ramuz, “pas la plus facile à apprendre mais qui, avec ses tournures populaires, dégage une vraie musique”. Rien d’étonnant à ce que le chanteur se soit reconnu. En tant qu’interprète et auteur, il revendique une singularité construite à partir de chansons qui ne sont pas seulement des moments d’évasion mais qui racontent aussi, en une poignée de minutes, de vraies histoires. Des moments qui frappent l’imaginaire, d’où surgissent des personnages issus d’un bestiaire personnel, doués d’une existence immédiatement sensible.
Nul doute qu’il saura donner aux personnages de Ramuz, qu’il a tenu à incarner seul sur les planches, une authentique présence. C’est en tout cas le pari que l’on fait. Tenu ?
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Histoire du soldat. Du 2 au 4 février, à 20h, le 5 février à 16h, au théâtre de la Renaissance (Oullins).