musée des Beaux-Arts éclairé nocturne
Musée des Beaux-Arts, Lyon.

Toile iconique impressionniste pour soirée atypique à Lyon

A l'occasion de la "Nocturne impressionniste" du musée des Beaux-Arts de Lyon, le conservateur en chef des peintures et des sculptures du XIXe siècle dévoile les secrets du dernier "trésor national".

Pour célébrer la venue de l’œuvre de Gustave Caillebotte, Partie de Bateau, prêtée par le Musée d’Orsay, le musée des Beaux-Arts de Lyon propose, vendredi 6 octobre, dès 18h15, de vivre la Belle Epoque. Au programme : une soirée guinguette et une flânerie dans les collections impressionnistes.

Car c'est bien un événement que le musée des Beaux-Arts de Lyon fête. La Partie de bateau du peintre impressionniste français Gustave Caillebotte (1848-1894) sera exposée à Lyon jusqu'au 12 décembre. Si l'eau a toujours été un thème cher aux impressionnistes, avec sa Partie de bateau, Gustave Caillebotte s'empare d'un sujet caractéristique du naturalisme, l'émergence d'une société de loisirs, et plus particulièrement le développement des sports nautiques.

"C'est vraiment une représentation de la vie moderne de l'époque des loisirs. C'est le développement de cette société des loisirs pour la bourgeoisie de la fin du XIXe siècle" atteste sur le plateau de 6 minutes chrono" Stéphane Paccoud est le conservateur en chef des peintures et des sculptures du XIXe siècle au Musée des Beaux-Arts de Lyon.

Gustave Caillebotte
L'accrochage, au musée des Beaux-Arts de Lyon, de Partie de bateau, de Gustave Caillebotte

Une toile impressionniste du XIXe inspirée d'une photographie

Mais ce qui rend unique la toile Partie de bateau de Gustave Caillebotte, c'est sa façon d'avoir représenté la scène de canotage. Le peintre a "saisi le personnage en plein mouvement, explique Stéphane Paccoud. On a l'impression de s'être arrêté effectivement sur un instantané. C'est un cadrage qui est coupé aussi : on ne voit pas l'intégralité de la barque, il fait vraiment face à nous ,on a l'impression d'être le passager dans le bateau."

Un instantané qui fait penser à une photographie. Et la ressemblance n'est pas anodine : le frère de Gustave Caillebotte pratiquait la photographie qui se développait beaucoup à l'époque. "C'est comme s'il s'était inspiré de la photographie, qui est pleinement intégrée à ce moment-là dans les pratiques qui influencent aussi les artistes. D'ailleurs le frère de Caillebotte pratiquait beaucoup la photographie. Il existe une photographie avec un personnage qui rame qui est pratiquement de même cadrage. Donc qui a pu aussi être inspiré par la photographie."

Pour la "Nocturne impressionsiste" du musée des Beaux-Arts, vendredi 6 octobre, avec bal guinguette dans le réfectoire du musée et déambulation libre dans les collections impressionnistes, les inscriptions, c'est ici.


Retranscription intégrale de l'émission avec Stéphane Paccoud

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 Minutes Chrono. Nous recevons aujourd'hui Stéphane Paccoud. Bonjour.

Bonjour.

Stéphane Paccoud, vous êtes le conservateur en chef des peintures et des sculptures du XIXe siècle au Musée des Beaux-Arts. Si on vous a invité aujourd'hui sur le plateau, et je vous remercie d'avoir accepté notre invitation, c'est pour parler de la Partie de bateau de Gustave Caillebotte, exposée jusqu'au 12 décembre au Musée des Beaux-Arts de Lyon. Tableau qui a été classée '13 ans"trésor national". C'est une huile sur toile impressionniste réalisée entre 1877 et 1878. En quoi est-ce un événement que cette partie de bateau soit prêtée par le Musée d'Orsay au Musée des Beaux-Arts ?

C'est un tableau qui vient tout juste d'intégrer les collections nationales et qui a pu être acquis l'an dernier, en 2022. Le tableau était toujours en main privée, il était demeuré dans la descendance de l'artiste. C'est un chef-d'œuvre iconique de l'impressionnisme, une œuvre extrêmement importante dans l'histoire de ce mouvement, puisqu'elle a été présentée à la quatrième exposition du groupe impressionniste.

L'œuvre a pu être classée "trésor national", ce qui permettait d'empêcher la sortie de l'œuvre du territoire pendant un temps donné, de manière à pouvoir réunir les fonds nécessaires pour son acquisition par l'État. Ce qui a pu être réalisé grâce au mécénat exclusif de LVMH. L'œuvre a donc intégré les collections du musée d'Orsay, où elle a été révélée il y a quelques mois. Une sorte de tournée nationale j'allais dire de l'été français. Il a été proposé que cette œuvre puisse être partagée plus largement avec le public et donc de lui faire entreprendre un parcours entre plusieurs institutions. Nous sommes très heureux d'être les premiers à Lyon à pouvoir partager ce tableau exceptionnel avec nos visiteurs, avant qu'il ne rejoigne Marseille puis Nantes.

Vous l'avez dit, Gustave Caillebotte est un impressionniste. On sait que le thème de l'eau est très cher aux impressionnistes. Renoir, Manet, Monet ont traité ce thème avec leurs canotiers. En quoi cette Partie de bateau de Gustave Caillebotte va un peu se différencier des autres peintures sur ce thème ?

Alors c'est vraiment une représentation de la vie moderne de l'époque des loisirs. C'est le développement de cette société des loisirs pour la bourgeoisie de la fin du XIXe siècle, qui prend vraiment plaisir à quitter Paris pour aller à la campagne, sur les bords de la Marne, sur les bords de la Seine. Alors là, on est plutôt sur les bords de l'Yerres, qui est une rivière de l'Essonne, à proximité de la propriété de la famille Caillebotte. Et on prend plaisir à aller aux guinguettes, mais aussi à pratiquer des sports nautiques et notamment le canotage qui est vraiment un sport très apprécié à ce moment-là, et que Caillebotte pratique lui-même.

Oui je crois qu'il pratiquait l'aviron il avait plusieurs bateaux me semble-t-il.

Tout à fait, il aimait la voile, le nautisme, en fait il pratiquait l'aviron. Et là, nous avons vraiment un personnage de la société du temps, alors qu'il n'est pas dans sa tenue de sport, avec le canotier en paille, mais qui a gardé son habit de ville. Il a posé sa veste à côté de lui dans le bateau, il a toujours son haut-de-forme sur la tête et il semble être monté un peu précipitamment dans la barque alors on ne sait pas, ni qui il est, ni pourquoi. Il nous manque une partie de l'histoire et c'est ce qui fait aussi la saveur de cet instantané.

Voilà ,c'est exactement le mot, c'est un instantané. On a l'impression que par rapport aux autres tableaux sur ce thème, je citais Renoir, Manet et Monet pour les plus connus, qui eux traitaient la thématique sur l'avant ou l'après alors que là, avec Caillebotte, on a l'impression qu'on est dans le sport même on est dans l'action. C'est-ce qui fait le côté unique de ce tableau ?

Il a vraiment saisi le personnage en plein mouvement. On a l'impression de s'être arrêté effectivement sur un instantané. C'est un cadrage qui est coupé aussi : on ne voit pas l'intégralité de la barque, il fait vraiment face à nous ,on a l'impression d'être le passager dans le bateau. C'est comme s'il s'était inspiré de la photographie, qui est pleinement intégrée à ce moment-là dans les pratiques qui influencent aussi les artistes. D'ailleurs le frère de Caillebotte pratiquait beaucoup la photographie. Il existe une photographie avec un personnage qui rame qui est pratiquement de même cadrage. Donc qui a pu aussi être inspiré par la photographie.

Quand vous parliez de "trésor national", pour qu'un tableau une toile soit classé trésor national comment ça se passe ?

Alors c'est toute une procédure qui a lieu au niveau du ministère de la Culture. Ce choix est effectué lorsqu'une œuvre est considérée comme étant d'une importance majeure pour le patrimoine national. C'est une procédure qui est prévue par la loi pour permettre de refuser temporairement son autorisation d'exportation, afin que l'Etat puisse être prioritaire pour réaliser une acquisition. Cela ouvre des droits à des aides particulières pour le mécénat et bénéficier de conditions spécifiques. Le musée des Beaux-Arts a eu lui-même la chance, à plusieurs reprises, d'avoir recours à ce dispositif. La première fois, c'était avec La fuite en Egypte de Nicolas Poussin, acquis en 2008 pour 17 millions d'euros. C'était à l'époque le "trésor national" le plus cher qui avait pu être acquis par un musée français. Et ensuite, nous avons eu plusieurs fois à nouveau recours, à ce système qui est tout à fait avantageux et qui permet vraiment de pouvoir enrichir le patrimoine des musées français d'œuvres très importantes pour nos collections.

La première étape de la tournée nationale de la Partie de bateau de Gustave Caillebotte. Faites une halte au musée des Beaux-Arts de Lyon donc vo

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