Architecte et urbaniste lyonnais, Tony Garnier (1869-1948) a laissé un héritage considérable dans sa ville natale. Les éditions du Patrimoine publient cette semaine une monographie sur le natif de la Croix-Rousse, la seconde après celle du centre Pompidou en 1990.
Texte instructif, prix accessible et iconographie importante (près de 200 illustrations), le “Carnet d’architecte” consacré à Tony Garnier demeure fidèle à l’esprit de la collection : faire connaître au plus grand nombre l’architecture du XXe siècle. Basé essentiellement sur les archives publiques de Lyon et de Boulogne-Billancourt (la plupart des écrits intimes de l’architecte ayant disparu), ce livre regroupe une biographie de Tony Garnier et différents portfolios sur ses travaux les plus importants.
Une architecture à vivre
Figure emblématique de Lyon, Tony Garnier s’inscrit “dans la lignée des Soufflot, Morand, Perrache et plus tard d’Antoine Chenavard et du préfet Vaïsse, qui ont tous tenté à leur manière de structurer la ville, nous rappelle l’auteur du livre, Pierre Gras. Mais [son œuvre] est atypique et profondément universelle.” Précurseur des aménagements ouverts, de l’égalitarisme social et de la séparation des fonctions en un zonage strict, qui deviendra bientôt la référence de l’architecture moderne, Tony Garnier propose une architecture à vivre. En témoignent les abattoirs de la Mouche (aujourd’hui halle Tony-Garnier, l’une des plus grandes salles de concert en France), l’hôpital de Grange-Blanche, le stade de Gerland ou le quartier des États-Unis (dont les plans initiaux prévoyaient une ligne de tramway, qui fut effectivement réalisée… en 2009).
Soixante-cinq ans après sa disparition, cette deuxième monographie tend à réhabiliter l’architecte, dont la postérité reste encore laborieuse. Les nombreuses iconographies inédites valent le détour, nous permettant de redécouvrir agréablement le Lyon du début du XXe siècle.
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Tony Garnier, par Pierre Gras, éditions du Patrimoine, collection “Carnets d’architectes”, 187 pages, 22 €.