Tozeur, la perle du désert

À seulement deux heures d’avion de Lyon, située en plein coeur du désert, la ville de Tozeur est la capitale de la région du Bled El Jérid, pays des dattes.

En 1990, un journal local titre : “Tozeur, c’est l’horreur’’, tellement cette ville de 42 000 âmes située au sud-ouest du pays, à la frontière de l’Algérie et au nord-est du Sahara, est laissée à l’abandon. Le gouvernement tunisien décide donc de réagir en finançant la construction d’un aéroport international pour désengorger la côte surpeuplée de la Méditerranée. Une douzaine d’hôtels de grand standing sont construits pour attirer des touristes du monde entier vers des séjours clés en main.

Maire de Tozeur depuis 1995, Abderrazak Cheraït, qui est également le propriétaire du luxueux hôtel Dar Cherait (5 étoiles) se souvient : “La ville se dépeuplait, elle était devenue un simple lieu de passage. Il a fallu tout reconstruire, faire en sorte que les enfants du pays ne prennent pas la fuite”. Malgré le désir de modernisation, la région continue de vivre essentiellement de son économie oasienne : l’agriculture reste l’activité maîtresse de la cité. L’oasis de Tozeur compte plus de trois millions de palmiers et quelque deux cents sources. Un véritable coin de verdure entouré de dunes et d’un désert de pierre. Dans la région, il pleut surtout en novembre, février et mars. Les vents de l’est sont prépondérants et ne sont remplacés que pendant le printemps par les vents de sable et durant l’été par les vents chauds.

Connue pour son immense palmeraie (1000 hectares et 400 000 palmiers dattiers), mais aussi pour son accueil légendaire, l’histoire de Tozeur remonte au troisième millénaire avant J.C. Cette ville à multiples facettes et diverses origines a été chrétienne puis musulmane sans heurt. De nombreux Berbères résident à Tozeur. La culture de ces autochtones d’Afrique du Nord reste très présente. Même si la majorité des Tozeuriens se définissent avant tout comme Tunisien, quelques irréductibles continuent de vivre dans la simple tradition berbère en revêtant la traditionnelle “burnous” (une sorte de cape en laine) ou “la guandoura” (une robe simple). À Tozeur, ne soyez pas surpris, si à chaque coin de rue, on vous salue, comme si vous étiez du pays. Contrairement aux autres villes de Tunisie ou au Maroc, les vendeurs des souks (marché local) ne vous sautent pas au cou pour vous vendre leurs produits. Une volonté farouche des autorités locales pour éviter d’effrayer les touristes.

Tozeur, la culturelle

Tozeur est empreinte d’une forte tradition culturelle. De nombreuses oeuvres contemporaines sont exposées au centre culturel Planet Oasis. La ville est dotée de nombreux musées et d’un centre d’animation racontant l’histoire des Mille et une nuits. “À Tozeur, on naît poète ou on le devient en y pénétrant”, disait l’écrivain français André Gide. L’un des plus grands poètes du pays, Abdoulkacem Chebbi (1909-1934), est natif de la capitale du Djerid. Sur sa ville, il écrira : “ Dans la tendresse du chant fluide des oiseaux, j’écoute ta balade de cithare enchantée. Oh poète des sables sans mer et du silence où les dattes sont miel. La parole devient grenade de tes lèvres et l’oasis un poème éternel.”

Tozeur la mystique -de nombreux marabouts y résident- est unique par la beauté de l’architecture de ses maisons et mosquées en briques cuites au soleil et qui forment une décoration, telle celle des tapis aux motifs géométriques. Les petites ruelles de l’un des plus vieux quartiers de Tozeur (Ouled el-Hadef) forment un véritable labyrinthe.

Maisons de charmes

Un nouveau mode d’hébergement se développe en Tunisie et particulièrement à Tozeur, ce sont les Dars. Ces maisons d’hôtes et de charmes traditionnelles ont conservé toute leur authenticité. Une alternative aux luxueux hôtels qui, chaque année, se font de plus en plus nombreux. Tozeur est le point de départ de nombreuses excursions dans le grand sud tunisien : Nefta, le surprenant Chott el-Djérid, les oasis de montagne de l’est Atlas ou encore la région d’Oung Jmel où a été tourné la trilogie de George Lucas, Star Wars ou encore le film le Patient Anglais.

Entre tradition et modernité

Tozeur et ses paradoxes. Malgré les préceptes fondamentaux de la religion musulmane, une partie de la population -souvent les plus jeunes et les plus pauvres- n’hésitent pas à consommer de l’alcool, à l’abri des regards indiscrets. Boire pour passer le temps perdu, oublier les soucis du quotidien. Perçu par certains touristes comme une ouverture d’esprit, mais très critiqué par les patriarches de Tozeur qui restent très attachés à la tradition.

Tozeur, une perle dans le désert. Et comme le dit le dicton : “à Tozeur, tu pleures deux fois. La première à cause du sable dans les yeux et la deuxième en quittant la ville, avec ce sentiment si étrange d y avoir laissé des amis.”

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