Trois BD lyonnaises à glisser sous le sapin

En quête d'idées pour garnir un peu plus la hotte du Père Noël ? Voici une sélection très subjective de trois bandes dessinées "made in Lyon", qui feront leur petit effet.

Une descente aux enfers entre la Part-Dieu et Confluence

Commençons par la plus sombre du lot. Adaptée du roman éponyme et underground de Tristan Perreton, Prof. Fall met en scène un fonctionnaire de la Sécu, célibataire et dépressif, obsédé par la vision d'une défenestration depuis un fameux immeuble de la Part-Dieu. Ses hallucinations vont se faire plus troublantes quand il se mettra à avaler des cocktails d'alcool et de médicaments, et qu'il enquêtera (dans la réalité? dans ses fantasmes psychotiques?) sur un trafic de diamants et des prostituées angolaises... Cette descente aux enfers, dessinée avec rage et maestria par le Lyonnais Ivan Brun, est sélectionnée au prochain Festival d'Angoulême, en catégorie polar. Autre bonne nouvelle pour les chauvins : Prof. Fall est (impeccablement) publiée par les éditions Tanibis, basées à Villeurbanne.

Prof. Fall, par Ivan Brun et Tristan Perreton. Éditions Tanibis, 176 pages, 24 €.

Dans les entrailles de la Croix-Rousse

Plus poétique même si un peu tourmentée, la série en trois tomes Des fragments de l'oubli connaît une nouvelle jeunesse avec sa réédition en intégrale chez EP. Créée par le Lyonnais Serge Annequin, elle met en scène une adolescente vivant avec son père, artiste de théâtre à la dérive depuis la mort de son épouse. La jeune fille découvre de drôles de cachets dans les affaires de son géniteur, et s'interroge sur l'identité de leur nouveau voisin. Quand au papa, il s'imagine un frère jumeau et va découvrir la vérité en explorant les sous-sols de Fourvière et de la Croix-Rousse. Convoquant les univers de Jules Verne, David Lynch et Charles Baudelaire, voilà une belle bande dessinée, au dessin doux et expressif, qui fait la part belle à l'émotion.

Des fragments de l'oubli - intégrale, par Serge Annequin. EP éditions, 144 pages, 18 €.

Le feu qui couve à Saint-Fons et aux Minguettes

Glénat

Nous en parlions déjà ici, mais le diptyque Jeu d'ombres vaut le détour si on veut avoir une vision différente des banlieues lyonnaises. Entre Saint-Fons et les Minguettes, on suit un étudiant d'origine turque, beau, malin et droit, qui tente tant bien que mal de préserver la paix dans les quartiers, d'aider son frère, petit gangster enfermé dans les geôles turques, et de se lancer en politique. Dessiné par le Parisien Merwan, et écrit par le musicien et militant lyonnais Loulou Dédola, ce thriller social trépidant a l'ambition de donner la parole à une population qui ne l'a jamais, celle des cités, pour ne pas laisser la place au fanatisme islamiste et aux discours d'extrême droite. Une bonne idée à quelques mois de l'élection présidentielle.

Jeu d'ombres - tome 1 Gazi!, par Merwann et Loulou Dédola. Glénat, 64 pages, 14,95 € (tome 2 en janvier).

Et en bonus...

La revue de BD 100% locale Les Rues de Lyon réunit ses 12 numéros annuels dans un coffret pour les fêtes. Le dernier né des albums édités par le festival Lyon BD est Jet Lag, autour de la rencontre entre auteurs chinois et lyonnais sous la houlette de Jibé (Les malheurs de Gégé, tous les mois dans Lyon Capitale).

Et toujours bien-sûr Les Mystères de Lyon, aux éditions Lyon Capitale.