Sous la direction de Heinz Holliger, le violoniste Thomas Zehetmair interprète le concerto composé par Alban Berg “à la mémoire d’un ange”. Un casting à la hauteur pour un chef-d’œuvre.
Sérialisme et émotion ne font pas, à première vue, bon ménage… Et la commande passée par le violoniste virtuose Louis Krasner, en 1935, au compositeur Alban Berg d’un concerto pour son instrument relève du paradoxe. Berg est alors en pleine période dodécaphonique (une technique de composition spéculative, davantage tournée vers l’algorithmique que vers l’affect) et à mille lieues dans ses préoccupations de la nature même du genre épique et concertant.
Heureusement... un triste événement se charge de fournir au compositeur l’élément dialectique nécessaire à l’écriture du “chef-d’œuvre”. La mort prématurée de la fille d’Alma Mahler (amie proche des Berg), âgée de 18 ans seulement, bouleverse Alban, qui décide de donner à son concerto la forme d’un requiem à sa mémoire – “à la mémoire d’un ange”. Berg accouche ainsi d’une œuvre syncrétique et fulgurante, conforme à ses principes avant-gardistes mais à la charge émotionnelle inouïe.
En confier l’interprétation au tandem Heinz Holliger (direction) et Thomas Zehetmair (violon) relève du bon sens, tant leur démarche musicale s’apparente aux conditions de la genèse du concerto. Invités privilégiés (et réguliers) de l’Orchestre national de Lyon, ils ont prouvé à maintes reprises leurs accointances avec des œuvres de ce genre, délivrant des interprétations à la fois analytiques et poignantes. Un rendez-vous immanquable !
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Concerto “à la mémoire d’un ange”, d’Alban Berg. Le 5 mai, à 18h, à l’Auditorium.