Un Carmen plus gitan que jamais à Fourvière

Du Rajasthan à Séville, Mario Tronco fait emprunter à Carmen la route de la Soie pour une création très prometteuse.

“On entend de plus en plus parler de ce phénomène qu’on appelle le “féminicide” – à savoir ces femmes qui meurent sous les coups, par jalousie, ces “morts par amour”, comme on les nomme”, explique Mario Tronco, maître d’œuvre de ce Carmen fou fou fou dans sa conception. Si Bizet mettait moins l’accent sur la cruauté de la tragédie Carmen, les rapports de possession hommes-femmes et le contexte gitan, Tronco explore davantage la rugosité latente dans l’œuvre de Prosper Mérimée. Là où le Carmen de Bizet se complaisait dans une espagnolade romantique (de mode à l’époque), on met ici l’accent sur l’appartenance à une communauté : les gens du voyage. Et, comme Carmen c’est aussi de la musique, l’Orchestra di Piazza Vittorio s’adjoint ici les services d’un ensemble instrumental venu du Rajasthan ou de danseurs roumains.

Carmen VS Latcho Drom

On se souvient du film documentaire de Tony Gatlif sur la route des nomades vers l’ouest, les origines diverses (et orientales) du flamenco espagnol : c’est cet aspect que se propose de creuser, musicalement, Mario Tronco. L’instrumentation “classique” dialogue çà et là avec un cymbalum, un djembe, des tablas (percussions indiennes), un oud (luth oriental), la danse se mêle aux affaires, le chant lyrique répond à une vocalité puisant dans le domaine traditionnel. Carmen apparaît alors comme un archipel bigarré traversé par une caravane de nomades incarnant le “monde terrestre”. L’urgence et le réalisme de la tragédie n’en sont que plus grands, les enjeux d’autant plus actuels.

Comme pour La Flûte enchantée, revisitée en 2009 par Tronco et son équipe, Carmen fait ici l’objet d’une véritable réécriture : une recréation totale, ambitieuse, assumant son audace.

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Carmen. Du dimanche 23 au mercredi 26 juin, à 22h, au théâtre antique. Nuits de Fourvière 2013.

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