Œuvre monumentale et grandiose, La Création du compositeur Joseph Haydn est à l’image du thème qui l’inspire : la Genèse. Un opéra sacré pas si souvent interprété, au regard du chef-d’œuvre qu’il constitue...
“Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.” Le premier récitatif de La Création correspond exactement aux premiers vers de la Genèse, qui font suite à un prélude instrumental en forme d’ouverture obscure et magnifiquement torturée censée illustrer le Chaos originel.
La puissance orchestrale d’une Genèse
Connu pour sa grande dévotion, Joseph Haydn, alors en transit entre l’Angleterre (où il fut certainement influencé par les grands oratorios de Haendel) et l’Autriche, s’empare en 1795 du premier livre de la Bible, composant un livret à partir de trois sources : la Genèse, le livre des Psaumes et le poème épique de John Milton Paradise Lost (le Paradis perdu).
Œuvre bilingue, traduite en anglais pour son exploitation dans les pays anglo-saxons, La Création remporte immédiatement les suffrages. Et pour cause : la puissance orchestrale et chorale est au rendez-vous ! Haydn y déploie toute sa science, allant jusqu’à réquisitionner 120 musiciens et 60 chanteurs, un effectif considérable à l’époque.
Six jours et pas une minute d’ennui
L’écriture quant à elle constitue une sorte d’apogée du style classique, mêlant une extrême modernité au contrepoint hérité du passé baroque (comme souvent à l’ère classique, et à l’instar de Mozart dans les œuvres religieuses).
Trois solistes (soprano, ténor et basse) se chargent de relater et commenter les six jours de la Genèse, donnant la réplique aux chœurs somptueux, ponctuant un oratorio au cours duquel la variété des couleurs et des procédés d’écriture employés font qu’on ne s’ennuie pas une seconde.
Zehetmair à la baguette
C’est au chef allemand (également violoniste génial) Thomas Zehetmair, invité pour l’occasion par l’Auditorium à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris et du chœur Accentus, qu’incombe la tâche de souligner les subtilités d’une œuvre qui en regorge, une partition exigeante qui ne laisse pas droit à l’erreur. Mais on sait Zehetmair d’un goût sûr, et sa baguette tout en finesse et en précision constitue un gage de confiance.
On regrettera pourtant le choix des instruments modernes là où Nikolaus Harnoncourt et son Concentus Musicus Wien ou William Christie et Les Arts Florissants ont laissé derrière eux des versions de référence enregistrées sur instruments historiques.