On les aime bien, les Québécois, personne ne dira le contraire. Ils ont un accent rigolo et ont inventé la Poutine. Pourtant, voilà des années qu’ils nous les brisent menu avec leur cargaison de chanteurs/ chanteuses dont certains (Natasha St-Pier) ont carrément emménagé sur la télé publique (est-ce qu’on se permet, nous, d’envoyer Zaz présenter 30 millions de chums en filant des puces à toute la Province ?). Et on ne parle pas des comiques approximatifs… Alors, pour se faire pardonner, de temps à autre le Québec parachute en toute discrétion une petite perle comme Pierre Lapointe.
S’il n’a pas de lien de parenté avec Boby, Pierre n’en a pas moins un talent d’écriture à faire taire à jamais toute la variété québécoise, doublé d’une ironie décapante. Et, comme compositeur, il se pose là : qu’il s’agisse d’accommoder la pop, l’électro, de s’asseoir seul au piano ou de noyer de grandiloquents refrains sous les violons (le sublime La Forêt des mal-aimés et son virevoltant Deux par deux rassemblés).
Dépourvu de surmoi musical, Pierre Lapointe n’a pas de limite, comme en témoigne son dernier album, Punkt, où le seul morceau La Sexualité déroule le cahier des charges du bonhomme. Qui en plus a quelque chose dans la voix de Charles Aznavour. Ne le dites pas trop fort, mais Pierre Lapointe est un génie. Québécois.
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Pierre Lapointe. Mardi 11 février, au Radiant-Bellevue, 1 rue Jean-Moulin, Caluire.
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Cet article est paru dans le supplément Culture (janvier-juin 2014) de Lyon Capitale.