L’été musical étant pour ainsi dire annulé depuis trois mois, subsisteront malgré tout quelques initiatives courageuses et imaginatives. De même que la perspective d’une reprise automnale qui semble encore bien floue pour l’ensemble des acteurs de diffusion, qui s’adaptent comme ils le peuvent.
C’est officiel depuis un moment, en matière de spectacle vivant et plus encore de musiques actuelles, l’été a été définitivement annulé depuis que la Covid-19 a emporté la saison des festivals et l’espoir qu’elle ait lieu quand même dans un après serein. Point par exemple de Nuits de Fourvière ni de Summer Sessions qui, chaque année, un mois durant, donnaient le ton de l’été à coups de soirées, de concerts en plein air sur le parking aménagé de la salle villeurbannaise. Il faudra aux Lyonnais se résoudre à faire une croix sur tous ces marqueurs musicaux estivaux de la métropole, comme ils ont fait une croix sur la Fête de la musique. Alors il y a bien sûr Tout l’monde dehors, dont la musique n’est qu’une partie du menu, qui débute le 11 juillet (jusqu’au 30 août) avec près d’une centaine d’événements à préciser à l’heure où nous écrivons. Quelques initiatives telles que celle semi-virtuelle mise en place ces jours derniers par Jazz à Vienne ou la réorientation du festival de musique contemporaine Superspectives (concerts live, ciné-club, sessions...), les deux s’achevant ce 11 juillet.
Péristyle et Rayonne
Citons également, du 13 juillet au 5 septembre, le festival du Péristyle de l’Opéra, toujours intéressant mais plutôt modeste et donc plus aisé à adapter aux circonstances. Lequel innove en proposant, entre autres, Studio Live, une poignée de concerts et DJ sets (deux par soir) donnés dans l’Amphithéâtre, sans public mais retransmis en direct sur les écrans du Péristyle, avec notamment des cartes blanches aux acteurs locaux (le Marché Gare proposant par exemple un concert de la chanteuse pop La Féline). Du côté du CCO, à l’autre bout du spectre musical et de la métropole, on propose Un été à La Rayonne, sis dans le parc (et donc en plein air) de l’Autre Soie à Villeurbanne (les jeudi, vendredi et samedi du 2 au 31 juillet), essentiellement autour d’esthétiques électroniques et dub et dans le respect des gestes barrières. Plus ponctuellement, le Sonic programme régulièrement des soirées, autour de son activité bar et envisage de la petite restauration.
Mais pour le reste, les acteurs des musiques actuelles ont surtout le regard tourné vers septembre, dans l’attente de mesures susceptibles de leur permettre de rouvrir dans des conditions acceptables pour tous (sanitairement, artistiquement et économiquement parlant). Pour certains, comme le Transbordeur, maison indépendante et non subventionnée, impossible de rouvrir à jauge réduite, ce qui serait un non-sens (pour ne pas dire un suicide écononomique) et dans l’esprit des musiques actuelles, absurde. Les indépendants, comme le Sonic cité plus haut – lequel pâtit de son statut hybride pour bénéficier des aides ad hoc du secteur – sont évidemment les plus directement touchés.
Du local avant l’international
D’autres, comme les Smac que sont le Périscope – dont le bar a également rouvert – et l’Épicerie Moderne, ont repris une partie des activités propres à leur statut. Pour le premier, essentiellement le volet “aide à la création” avec le retour d’artistes en résidence, tout comme l’Épicerie qui a également quelques dates automnales à son agenda. Dans l’ensemble, à l’exception du Radiant dont la jauge, la modulabilité et le modèle économique fortement soutenu par la ville de Caluire, lui permettent d’annoncer un programme des plus cossus, l’ensemble des acteurs est plutôt frileux pour ne pas dire pessimiste à l’horizon de septembre.
Si concerts il y a cet automne, ils concerneront essentiellement, dans le réseau Ninkasi –qui a pu rouvrir son activité de bar et restauration et espère pouvoir proposer en septembre son
festival – des groupes locaux voire nationaux. Comme dans la plupart des autres salles d’ailleurs. Au Transbordeur, s’il reste en l’état et applicable, le calendrier est essentiellement composé de reports de dates de ce printemps dernier. Au Périscope comme au Sonic, on préfère voir venir avec un agenda vide jusqu’à fin octobre minimum. Du côté du Marché Gare, hors les murs pour travaux jusqu’en septembre 2021, on travaille surtout sur le volet médiations culturelles et une continuation espérée de la programmation “hors les murs” du projet “L’Échappée sauvage”. En attendant un véritable redémarrage pour début 2021 également suspendu à une reprise, qui reste hypothétique, des tournées internationales – la Grande-Bretagne et les Amériques, entre autres, étant les grands pourvoyeurs que l’on sait. Et surtout, faute d’une reprise inconditionnelle, des mesures claires, lisibles et applicables. Il n’est donc pas certain que même sans avoir chanté tout l’été, le secteur n’en reste pas moins dépourvu une fois l’automne venu.