Agnès Mathieu-Daudé raconte avec humour les déboires d’un jeune chercheur français en biologie, exilé dans une petite ville d’Angleterre et auteur d’une biographie d’Alfred Wallace, un des pères de la théorie de l’évolution des espèces.
Naturaliste un peu éclipsé par son contemporain Charles Darwin, avec qui il partage la paternité de la théorie de l’évolution de l’espèce, Alfred Wallace a tout de même laissé son nom à une ligne séparant les régions indo-malaise et austro-malaise, sur une carte publiée en 1863.
Séparation géographique qui donne son titre au dernier roman d’Agnès Mathieu-Daudé. Mais, à vrai dire, le savant n’est là que parce que le héros de son livre écrit sa biographie. Si quelques éléments de son existence, aujourd’hui oubliée par beaucoup, sont évoqués, d’ailleurs de façon passionnante, ce n’est qu’incidemment.
Agnès Mathieu-Daudé s’intéresse en effet davantage au biographe qu’au sujet de la biographie, qu’il a d’ailleurs toutes les peines du monde à avancer. Il est vrai que le jeune chercheur a tendance à s’éparpiller. Surtout depuis qu’il a séduit l’épouse de son employeur – à moins qu’il n’ait été séduit par elle.
Quoi qu’il en soit, la liaison prend une ampleur qui l’amène au-delà du banal adultère de province, ici celle de Durham, pluvieuse et située à quelques centaines de kilomètres au nord de Londres. Les choses deviennent encore plus compliquées quand il décide de s’occuper d’un jeune juif homosexuel poursuivi par son oncle, manifestement aussi borné qu’orthodoxe. Sans oublier ses voisins qui mettent sa voiture à l’envers. Ce qui est à l’image de sa vie.
De cet imbroglio scientifique et sentimental, la jeune écrivaine fait la matière d’un roman jubilatoire, porté par un humour qui doit beaucoup au grand Vladimir Nabokov, lui aussi personnage récurrent du roman.
La ligne Wallace – Agnès Mathieu-Daudé, éditions Flammarion, 320 p., 20 €.