Des amis ont prévu de se réunir pour regarder le Super Bowl. Soudain l’écran de télé devient noir et toutes les connexions numériques se coupent. Un huis clos bouleversant sur le désarroi face au black-out technologique.
“J’ignore de quelles armes usera la Troisième Guerre mondiale mais la Quatrième se fera à coups de bâtons et de pierres.” La prophétie, bien connue, est signée Einstein et se pose en exergue du dernier, très court, roman du “grand écrivain” américain Don DeLillo, dont le pitch est d’une simplicité évangélique, c’est le cas de le dire.
Alors que le Super Bowl bat son plein par un beau dimanche de février, survient l’Apocalypse, numérique. Soudain, plus de son, plus d’image, écran noir sur la civilisation. Dans un appartement de Manhattan, trois New-Yorkais sont confrontés à cet aveuglement soudain. Lors d’un vol Paris-New York, vite empêché, ont suit deux de leurs amis qui ne tarderont pas à les rejoindre malgré le crash, sans trop de gravité donc, de leur avion.
On assiste alors à un huis clos, certes en aveugle, mais où c’est surtout le langage qui se trouve affecté, comme la capacité de comprendre ce qui se passe, qui se perd en conjectures, faute d’informations disponibles, faute d’images, faute d’e-mails. Le langage qui soudain est pris de vertige – que pourrait-on bien avoir à dire quand justement on n’a plus que ça et toute l’attention du monde ? –, la pensée qui tourne à vide, ressasse, impuissante.
De la catastrophe, on ne sait rien, sinon qu’elle advient mais DeLillo ne nous dit ni comment ni pourquoi. À moins qu’elle n’ait déjà eu lieu et ne soit une suite à son Bruit de fond. Il la convoque en tout cas, dans une parfaite économie de mots, une fois de plus, comme il le fit avec le 11 septembre dans L’Homme qui tombe ou dans Zero K, son précédent roman, avec l’“homme augmenté” comme possible fin de l’homme pour questionner notre fragilité, ce silence infini qui nous habite et que nous ne savons plus comment combler par nous-même.
Le Silence – Don DeLillo, Actes Sud, 112 p., 11,50 €.
Seulement Noel Gallagher a été trop péteux. On peut lui avoir préféré Angus Young d'AC/DC, aussi ploucs !