Attendu avec une grande impatience, le Cedar Lake Contemporary Ballet rate sa première venue à Lyon tout en révélant des danseurs américains de haut niveau !
Avec la venue pour la première fois à Lyon (et en France), du Cedar Lake Contemporary Ballet – jeune compagnie basée à New York –, on espérait qu’enfin un souffle nouveau débarque sur la scène de la Maison de la danse. Las, le rendez-vous est raté qui ne nous empêche pas cependant d’avoir découvert une compagnie dont les danseurs sont d’un niveau exceptionnel et dont on regrette justement qu’ils n’aient pas été mis plus en valeur dans ce programme. Dirigé depuis 2005 par le Français Benoît-Swan Pouffer (ex-interprète d’Alvin Ailey), le Ballet s’est résolument tourné vers la création contemporaine en invitant de grands chorégraphes ou bien encore ceux qui ont la cote dans le monde de la danse. La première pièce, Violet Kid de l’Israélien Hofesh Shechter, ne nous apprend rien qu’on ne connaisse déjà de son travail, essentiellement structuré sur le rapport corps/musique.
Dans un univers évoquant le chaos humain, avec une scénographie sombre et parfois envahie d’un brouillard de fumée, la danse tribale d’Hofesh Shechter tente une fois de plus de nous enfumer à coup de jeux sur les différences de rythmes et en créant des pauses et des crescendos pour nous laisser croire que l’émotion existe. On est dans le brut, les tressaillements, les déplacements de masse et dans l’incapacité à tracer une écriture qui éviterait de nous perdre et de nous lasser d’un processus chorégraphique répétitif masquant le pas grand-chose à dire. Inconnu en France, le Suédois Alexander Ekman propose Tuplet, une courte pièce pour 6 danseurs conçue comme un hommage léger, sensible et plein d’humour à la musique et à la musicalité du corps.
C’est seulement vers la fin que le miracle arrive
Soutenus par des sons électroniques, les danseurs utilisent leur propre corps comme instruments de percussions et nous permettent, avec des combinaisons chorégraphiques simples et des solos, de mesurer comment un corps dansant va chercher la vie et le rythme à l’intérieur de lui-même, se mettant ainsi au service de la danse. On notera ce très beau dispositif de photos vers la fin qui intègre les danseurs, évoque l’Amérique, le jazz, les percussions, les bals, la foule, les fêtes et qui rappelle que la danse et la musique appartiennent aussi aux gens de la rue. Avec cette pièce, le chorégraphe (et il sera le seul à le faire dans ce programme) réussit véritablement à créer un lien avec le spectateur.
Énorme déception avec la troisième pièce, Grace Engine de la Canadienne Crystal Pite, qui s’est laissée embourber dans une construction chorégraphique se déroulant au sein d’un univers concentrationnaire, portée par une esthétique chercheuse de sens mais qui finalement nuit à la danse. En abusant du noir, de lumières à ras le sol, d’effets visuels, en transformant la danse elle-même en un ou plusieurs éléments visuels parmi d’autres, la chorégraphe s’enferme dans une préoccupation scénographique et plastique au point que la danse ne respire pas, reste illisible et n’inscrit rien dans notre mémoire. C’est seulement vers la fin que le miracle arrive. Un magnifique duo de filles, en danse vitale et charnelle, là où la vie de chacune dépend de l’autre. Et c’est ici que s’installe la sensation que la chorégraphe est passée à côté.
Cedar Lake Contemporary Ballet, à la Maison de la danse, jusqu’au 5 février.