Quatre auteures de BD refusent la décoration de chevalier des Arts et des Lettres proposée par la ministre de la Culture Fleur Pellerin. Parmi elles, Chloé Cruchaudet, originaire de Lyon, qui a dénoncé sur sa page Facebook l’indécence et la récupération politique permise par cette proposition.
À l'issue de la 43e édition du Festival international de bande dessinée d'Angoulême, la semaine dernière, la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, avait annoncé vouloir récompenser cinq dessinatrices et quatre dessinateurs. En guise de récompense, la ministre propose de promouvoir ces artistes au titre de chevalier des Arts et des Lettres.
La dessinatrice Chloé Cruchaudet, auteure entre autres de la série Ida ou de La Poudre d'escampette, a fait savoir sur sa page Facebook qu'elle ne souhaitait pas faire partie de cette liste : "Pour clore cette histoire qui m'a fait rire un court instant (le temps de me dire que ça va faire bien plaisir à mon pépé, qu'on va bien rigoler si je peux inviter plein de pique-assiettes-copains à boire des coupettes au ministère), au final... Je ne veux plus en entendre parler, et je souhaite être retirée de cette liste."
Indécence et récupération politique
Chloé Cruchaudet dénonce en premier lieu de manière sarcastique le fait qu'il faille payer la médaille et l'adhésion à l'ordre des Arts et des Lettres, alors que les dessinateurs, dans la majorité des cas, ne roulent pas sur l'or : "Même dans un concours de pétanque entre smicards qui n’ont pas un rond, on ne fait pas payer le trophée… Plus sérieusement, alors que les chiffres alarmants des états généraux sur la paupérisation du métier d’auteur de BD viennent d’être publiés, je trouve ça un poil indécent."
La lauréate du grand prix décerné par le festival Lyon BD en 2014 (pour Mauvais genre) cite la dessinatrice Aurélie Neyret, qui a elle aussi publié un texte sur sa page Facebook pour dénoncer la récupération politique afin d'étouffer la polémique sur l'absence de femmes dans la liste du grand prix d'Angoulême.
Chloé Cruchaudet relève enfin que toutes les personnes promues par Fleur Pellerin sont signataires de la charte contre le sexisme. Elle termine sa tribune en soulignant que, si le ministère souhaite faire quelque chose pour aider les auteurs, il y a d'autres manières beaucoup plus efficaces et plus concrètes que de leur accorder un titre honorifique, également porté par Nikos Aliagas ou Shaka Ponk.