L’auteure du Sillon sera jeudi au TNG et samedi à la Coopérative du Zèbre. Avec ses souvenirs d’Istanbul, mais aussi sa vie présentement engagée à Marseille.
Valérie Manteau a reçu en novembre le prix Renaudot pour Le Sillon, chronique semi-fictive de la vie d’une écrivaine française à Istanbul, la ville dont elle est amoureuse. Dans une Turquie où s’impose Erdogan (le livre court sur l’année 2016, avec trois ans de souvenirs), s’y effiloche un amour pendant qu’elle s’attache à la trace d’un disparu, Hrant Dink, journaliste et écrivain assassiné le 19 janvier 2007 devant les locaux de son journal, Agos.
La Marseillaise d’Istanbul
Agos est un mot commun aux Turcs et aux Arméniens dont la traduction a fini par s’imprimer sur la couverture du livre de Valérie Manteau, ce “sillon” où la Française entend l’écho de La Marseillaise et son “sang impur”, explique-t-elle dans un entretien sur RCF. Depuis Calme et tranquille, son précédent livre, écrit après les attentats de 2015, la violence n’a pas disparu de l’univers de celle qui fut chroniqueuse à Charlie. Elle la retrouve dans son miroir turc. Mais l’amitié non plus n’a pas disparu, dont les voix très présentes s’interrogent, se répondent et finissent par tisser l’écho de ce Sillon-là dans notre mémoire.
La Stambouliote de Marseille
Valérie Manteau est à Lyon jeudi à l’occasion de la première d’un spectacle de Jean-Paul Delore au TNG. Le metteur en scène, qui avait beaucoup aimé Calme et tranquille et l’évocation de l’enfance par l’auteure, “moqueuse, ironique et hyper sérieuse” comme il la décrit avec affection, lui a demandé d’écrire l’un des “solos à deux” qui composent Deux fois toi, partitions pour un enfant et l’adulte qu’il est devenu (ou pour un adulte et l’enfant qu’il était, selon où l’on se place).
La Coopérative du Zèbre et la fine équipe de la libraire Le Livre en Pente en profitent pour l’inviter samedi sur la colline. Une lecture est prévue (avec la voix magique de la comédienne Magali Bonat), mais gageons que les zèbres de la Croix-Rousse en profiteront pour interroger l’écrivaine sur son engagement citoyen dans le Collectif du 5 novembre “Noailles en colère”, car Valérie Manteau la Stambouliote est aussi marseillaise.