Qui n’a jamais remercié les vendeurs de vin chaud durant la Fête des lumières de s’être ainsi mis sur notre chemin pour réchauffer nos pauvres corps engourdis ? Ils font partie du paysage lyonnais durant ces quatre soirées un peu particulières et embaument les rues d’entêtants effluves de cannelle.
À première vue, il paraît très simple d’installer sa table et son matériel pour accompagner les hordes de touristes et de Lyonnais au cours de leur périple. Mais rien n’est moins sûr. Avant toute chose, il faut demander une autorisation à l’Otep (Occupation temporaire de l’espace public) et c’est Evelyne Robert qui s’occupe de recueillir les demandes. "Nous, on s’occupe seulement de ceux qui vendent sur la voie publique mais pas à but commercial." "Seules les associations caritatives ou d’étudiants qui ont un projet humanitaire peuvent obtenir une autorisation." Les autorisations doivent être demandées à partir de septembre, et en novembre les dossiers sont soumis au cabinet du maire pour la sélection.
Evelyne Robert reconnaît qu’il y a "beaucoup d’étudiants, mais on ne peut pas se permettre de délivrer beaucoup d’autorisations au vu des milliers de personnes qui déambulent dans la rue pendant la fête". Pour des raisons de sécurité évidentes, car chacun sait en effet qu’il est déjà assez difficile de circuler à pied dans la ville durant les Lumières.
Cette année, sur 400 à 500 demandes, seulement une vingtaine d’autorisations ont été délivrées. 20 associations bénéficieront de 3 m maximum entre 17h et 23h. Celles-ci auront l’interdiction d’avoir des appareils de cuisson ou de vendre des produits alimentaires, car "il n’est pas possible d’effectuer des contrôles d’hygiène". Les emplacements sont distribués de manière aléatoire, sauf pour les associations comme le Secours populaire qui ont le même chaque année.
La vente de vin chaud, une initiative qui fait recette
Jean fait partie de l’association Hope & Smile, qui regroupe 7 étudiants en médecine à Lyon et une vingtaine d’étudiants en architecture et en école d’ingénieur à Paris. Cette année encore, ils cherchent à lever des fonds pour organiser un voyage caritatif en Equateur durant lequel ils aideront à la construction d’un village. Un beau projet qui sera financé principalement par des opérations de sponsoring au niveau des universités et de la Ville de Lyon. Mais Jean nous assure que la vente de vin chaud "est un apport d’argent non négligeable". L’année dernière, ils avaient "récolté 600 euros pour 80 euros d’achats durant les trois soirs". Cette année, ils n’ont pas obtenu d’autorisation de l’Otep, mais ils vont tout de même monter leur stand.
Pour ceux n’ayant pas obtenu le précieux sésame mais qui persévèrent dans leur entreprise, la police municipale est en charge de contrôler les arrêtés d’emplacement et de faire remballer les associations qui n’ont rien à présenter. Mais Jean est confiant : "L’année passée, nous n’avions pas d’autorisation non plus, mais les policiers ont été conciliants, ils ont vu que nous n’avions pas d’appareil de cuisson pouvant entraîner des incendies et on ne gênait pas le passage." Pour leur recette de cette année, ils ont ouvert les discussions sur leur page Facebook. Néanmoins, rien de trop original, car le traditionnel vin chaud c’est du sucre, des oranges, de la cannelle, des épices de Noël et une bonne bouteille de rouge.
Au-delà de l’aspect économique, la vente de vin chaud, c’est tout une ambiance, comme l’explique Jean : "J’avais déjà vendu du vin chaud pendant les Lumières il y a quelques années et c’est vrai que c’est sympa de participer à cette fête dans notre ville, d’être en communion avec l’événement et aussi de communiquer sur le projet." Lutter contre le froid tout en faisant une bonne action, c’est le contrat que vous proposent les vendeurs de vin chaud. À vous de signer ou pas.