Ce n’est ni au TNP ni aux Célestins que Vincent Dedienne tient l’affiche pour huit dates à partir de ce mercredi mais à l’espace Gerson, temple historique du café-théâtre lyonnais.
Outre la jeunesse et les cheveux bruns, quel est le point commun entre Laurent Lafitte, Guillaume Gallienne et Vincent Dedienne ? Ne vous jetez pas sur Wikipédia, il n’y a rien à gagner. Ils font simplement partie de ces comédiens, pas si nombreux, qui ont goûté aux joies (et au succès) du one-man show humoristique après être passés dans de grandes productions du théâtre public, sans compter les détours sur petit et grand écrans. En d’autres termes, ils ont su mettre du café dans leur théâtre.
Pourtant, leur formation les prédisposait à faire carrière sur nos grandes scènes nationales et subventionnées. Les deux premiers cités ont en effet été pensionnaires de la Comédie-Française, et Vincent Dedienne a suivi le prestigieux cursus de l’école nationale supérieure d’art dramatique de la Comédie de Saint-Étienne. Mais le goût de la blague, un certain talent d’écriture, des rencontres propices et l’envie de sortir des sentiers prédestinés les ont amenés à se produire seuls en scène dans des spectacles humoristiques pas forcément bien acceptés par les “théâtreux” purs et durs. Bien leur en a pris, si l’on considère le succès rencontré et la surface médiatique acquise par ces initiatives.
“Quand je vous parle de moi, je parle de vous”
Pour Vincent Dedienne, cas qui nous occupe puisqu’il est à l’affiche à Lyon, c’est un rendez-vous avec Laurent Ruquier qui a été décisif : “Je n’ai pas voulu écrire un spectacle de café-théâtre à proprement parler, confie Dedienne. En fait, c’est plutôt un monologue théâtral, mais il se trouve qu’il a plu à Laurent Ruquier, qui a décidé de le produire.” Début d’une belle histoire, qui dure depuis maintenant plus de trois ans avec le one-man show S’il se passe quelque chose. Un spectacle qui a même conquis des pontes du théâtre subventionné comme Michel Raskine et Anne Alvaro.
“Le spectacle parle de moi. J’ai fait le constat qu’aucune pièce de théâtre ne m’était consacrée sur les scènes actuelles – j’ai décidé de combler ce manque. L’idée est que l’on peut faire son autoportrait à 25 ans, tout en évoquant beaucoup d’autres choses, comme l’ambition, l’enfance...”, nous a-t-il expliqué. Mais, si la veine comique et autobiographique est creusée d’une façon qui doit davantage à Muriel Robin qu’à Molière, Vincent Dedienne n’a pas oublié ses classiques et se glisse allègrement dans la peau de personnages délirants comme la sœur de Marie-Antoinette. Et c’est Victor Hugo qu’il cite quand il déclare : “Quand je vous parle de moi, je parle de vous.” On ne demande qu’à le croire, surtout lorsqu’il ajoute : “Il s’agit de passer par soi pour faire rire de tous.”