La chorégraphe Dalila Belaza creuse les racines de nos identités multiples dans un dialogue mystérieux entre danse rituelle et abstraction !
Danseuse et chorégraphe née en 1973, Dalila Belaza est depuis plus de vingt-cinq ans interprète des pièces chorégraphiques de Nacera Belaza qui mène un travail profond sur la mémoire des corps, une danse habitée par un espace intérieur. Dès 2012, elle entame des projets personnels et crée en 2020 sa compagnie Hiya avec à son actif trois pièces dont Au Cœur, qui témoigne d’une rencontre inattendue avec le groupe de danse folklorique nord-aveyronnais Lous Castelous de Sénergues.
La pièce explore la porosité entre danse contemporaine et langage folklorique mais aussi la notion de communauté, portant le groupe dans une écriture minimaliste qui déploie un voyage où la rapidité extrême s’empare peu à peu de l’espace et des corps.
On la découvre aux Subs avec Figures, un solo où elle cherche à construire une sorte de danse traditionnelle qui n’existe pas, sans culture, sans origine ni territoire.Un rituel sans passé, au présent, mais qui serait porteur d’une symbolique sans références connues, laissant jaillir une expressivité et une poétique prenant possession du corps.
“Ce qui m’interpelle,nous dit-elle, dans la danse traditionnelle, que ce soit celle de Lous Castelous ou une autre, c’est son caractère immuable, la sensation que l’on rentre dans une danse qui vient d’ailleurs. On décroche d’une forme que l’on voit en premier lieu pour avoir l’impression qu’elle implique quelque chose d’intime et on se demande comment cela a traversé le temps et l’espace pour arriver jusqu’à nous. Dans Figures, c’est cela qui m’intéresse et non pas bien sûr l’idée de construire une nouvelle danse traditionnelle. Comment une danse qui ne se relie à aucun territoire, aucune figure pensée ni rien peut malgré tout donner la sensation de venir de loin ; que l’on est en présence d’une chose qui n’est pas uniquement en train de se passer là sous nos yeux mais qui a commencé avant nous et qui pourrait perdurer ?”
Dans le noir, l’être et son double
Pour cette pièce,Dalila Belaza inonde la scène de noir, couleur de l’intime, creusant les sensations d’apparition/disparition, du visible et de l’invisible par le mouvement, les lumières, le son avec aussi un personnage-matière, créé par la plasticienne Jeanne Vicerial, une sculpture illustrant la présence d’un être humain, un double mystérieux, lointain, réel ou fabriqué.
“Dans mon envie de provoquer un ailleurs, il y avait sous-tendu le désir d’ouvrir la porte à une sorte d’inconscient, une porte à l’intérieur de notre être qui s’ouvre sur un autre monde. On a imaginé une matière qui soit comme une nébuleuse, que je puisse à la fois porter et m’en extraire, qui soit une continuité de cet inconnu. Je parle de nébuleuse et non pas de costume, ni de matière mais d’un personnage-matière, car ce n’est pas non plus un personnage. À certains moments, je suis dedans, à d’autres non, c’est animé ou pas. Malgré tout, cela vient comme une espèce d’autre compagnon, d’ombre, une présence qui vient d’ailleurs…
Figures - Dalila Belaza – Les 28 et 29 mars, aux Subs