L’Opéra de Lyon démarre la saison en force avec Le Vaisseau fantôme de Richard Wagner, une sombre histoire de flibuste dans les mers du Nord, servie ici à la sauce catalane par Alex Ollé, de La Fura dels Baus.
Une voix s’élève – “Au beau milieu des mers tu erreras” – condamnant le capitaine d’un navire hollandais ayant blasphémé. Une fois tous les sept ans, il pourra néanmoins accoster et tenter de rompre la malédiction en trouvant l’amour d’une femme à la vie à la mort. À cette seule condition, il sera délivré de son sort et de sa prison : la mer.
Naissance du leitmotiv
En 1838, Richard Wagner n’a pas 30 ans quand, en découvrant une nouvelle de Heinrich Heine inspirée de cette légende, le compositeur, séduit par le sujet, projette d’écrire un opéra. Savamment entremêlées, les thématiques de l’éternité, de la mer et son infinité, de l’amour, la pénitence, le sacrifice, la rédemption, poussent le romantisme dans ses retranchements jusqu’au final tragique, dont on ne vous dira rien ici, histoire de ne pas “spoiler”.
Wagner en profite pour signer le premier de ses dix opéras majeurs, introduisant le fameux leitmotiv (thème ou phrase musicale associé(e) à un personnage, un objet ou un sentiment) qui deviendra chez lui un trait de composition récurrent.
Un Wagner catalan
Wagner, c’est vraiment un truc à part, entre le don du ciel et l’épreuve. C’est généralement long (voire très très long), sombre et puissant (voire très puissant), difficile pour l’orchestre (qui met en conséquence les bouchées doubles) et ça mobilise des voix spécifiques : n’importe qui n’est pas invité, “autorisé”, à chanter Wagner. Un voile de sensationnel entoure par conséquent chaque production : ne pas se rater, surtout ne pas !
C’est Alex Ollé qui tient aujourd’hui la barre du Vaisseau. Le sulfureux metteur en scène et son collectif catalan La Fura dels Baus sont partis il y a longtemps déjà du théâtre de rue pour atterrir avec brio dans le monde de l’opéra. Toujours ils ont su surprendre, au risque de déranger parfois, échapper à l’académisme, esquiver l’ennui. On espère donc une rentrée tonitruante à l’opéra de Lyon, sous la baguette de Kazushi Ono.