Du 3 au 8 novembre s’est déroulé à Lyon le festival de cinéma Etoiles et Toiles d’Asie. En invitée d’honneur pour sa 15e édition, qui risque d’être la dernière, l’actrice Yang Kuei-Mei que l’on peut retrouver dans Sucré,Salé d'Ang Lee, ou encore dans La Saveur de la Pastèque de Tsai Ming-Liang, inondait la ville de sa grâce asiatique pour représenter son pays d’origine, Taïwan, mis à l’honneur. Une occasion de l’interroger sur sa carrière et son séjour dans la ville du cinéma.
Lyon Capitale : Pour cette 15e édition dont vous étiez la marraine, le cinéma taïwanais était mis à l’honneur. Quelle a été votre réaction et celles de vos proches en apprenant cela ?
Yang Kuei-Mei : J’ai été très honorée bien sûr. Et à Taïwan, beaucoup de réalisateurs ont déjà été invités à ce festival. Quand ils ont su qu’une rétrospective sur ma carrière était organisée, ils ont été très honorés également. Et d’autres m’ont dit que j’avais beaucoup de chance, car Lyon est la ville du cinéma. Même si je n’ai pas eu beaucoup le temps de la visiter, je suis vraiment heureuse d’y être venue. Lyon en automne est vraiment poétique. Partout dans les rues j’ai vu des images d’amour impressionnantes. Et surtout, par rapport à Taipei, les Lyonnais ont vraiment l’air plus tranquille.
Comment êtes-vous devenue actrice ?
Quand j’étais petite je voulais être chanteuse. J’ai passé beaucoup de concours. Le dernier était diffusé à la télévision. Mais il n’a rien donné. J’attendais qu’on me propose un contrat, mais personne n’est jamais venu me proposer de faire un disque. Un jour, on m’a demandé si j’étais intéressé pour tourner dans un téléfilm. J’hésitais mais ma mère m’a conseillé d’accepter car ainsi on me verrait à la télé et je serai connue. Mais à cette époque c’était très dur de passer de la télé au cinéma. Les gens considèrent que les acteurs de télé jouent moins bien et sont choisis pour leur physique. A présent je réalise la chance que j’ai eu d’avoir pu tourner pour le cinéma. Et j’en profite pour chanter dans mes films. (rires)
Vous avez tourné avec Ang Lee pour Sucré, Salé. Vous y jouez le rôle de Jia-Ning, l’une des filles de la famille. Quel souvenir en gardez-vous ?
Ang Lee est déjà plus influencé par le cinéma américain que les autres réalisateurs avec qui j’ai travaillé. J’ai constaté que sa manière de tourner était vraiment différente de celle des réalisateurs taïwanais. Par exemple, quand il a fait trois prises d’une scène dont il n’était pas satisfait, un producteur est arrivé pour lui demander ce qui n’allait pas. Et comme il ne pouvait pas répondre à cette question, le producteur lui a dit qu’il lui laissait une dernière chance. A Taïwan c’est le réalisateur qui dirige le tournage. On n’a pas de contrainte de temps. Par contre Ang Lee nous a vraiment bien préparés. Comme dans le film on devait jouer une famille, il a engagé un professeur pour établir une confiance entre les acteurs. On a dû notamment sortir dans la rue en se donnant la main, les yeux fermés. On était uniquement guidé par nos autres sens et le professeur. C’était aussi un entrainement pour apprendre à sentir les choses avec le toucher, l’ouïe. Et je pense que c’est vraiment nécessaire pour un acteur afin qu’il puisse apporter des sensations fortes au public en plus de l’image qu’il voit.