Shishi, danse du lion, par Charles Fréger pour l’exposition « Yokainoshima: esprits du Japon »

Yokainoshima : les esprits du Japon au musée des Confluences

A partir du 7 juillet, le musée des Confluences présente au grand public l’exposition « Yokainoshima, esprits du Japon ». Au programme, les photographies de Charles Fréger et la collection japonaise du musée composée des œuvres ramenées par le célèbre collectionneur Emile Guimet. L’exposition se terminera le 25 août 2019.

 

Du 7 juillet 2018 au 25 août 2019, le musée des Confluences va dévoiler au grand public le « japonisme », l’influence des œuvres et objets d’art du Japon en Occident dans la seconde moitié du XIXe siècle, dans une seule et grande salle dans lequel trône un temple rouge crée de toutes pièces. Il s’agit de l’exposition « Yokainoshima, esprits du Japon » : de grandes photographies de mascarade y sont dressées et semblent être d’un autre temps. Pourtant, il s’agit bien du monde japonais contemporain : Charles Fréger, photographe aguerri, a choisi de nous faire découvrir les figures masquées rituelles du Japon, notamment dans le monde rural. Sans vouloir tomber dans la fascination de la tradition, ce sont plus de 80 photographies artistiques et proches de l’anthropométrie qui seront présentées en grand format ou en taille réelle. Ces images côtoient avec cohérence les objets spirituels japonais présentés : les rites et les fêtes rythment encore la vie nippone avec la présence de deux religions, le shintô et le bouddhisme. Pour connaître et comprendre ces rituels, le musée a choisi de scinder en trois parties le parcours des visiteurs dont les titres sont : Invoquer, Incarner et Interpréter. La collection du musée contient plus d’un millier de pièces grâce aux collectionneurs et voyageurs passionnés par le Japon depuis le 19e siècle, notamment grâce au lyonnais Emile Guimet.

Une immersion riche et pertinente dans la spiritualité japonaise du XIXe siècle à nos jours

Les néophytes peuvent se rassurer, la présentation se veut simple et pédagogue : on peut noter les statuts bouddhistes d’Emile Guimet, qui révèlent l’existence de Bouddha sur les terres nippones depuis le VIe siècle, de nombreux objets fabriqués par les Japonais pour représenter les forces et les esprits du shintô, que l’on nomme kami. Le syncrétisme de ces deux courants va produire de nouveaux esprits et rituels, notamment pour les montagnes, où le pèlerinage bouddhiste croise les kami qui y sont originaires. L’invocation est très forte au Japon, qu’il s’agisse de guérir, de prospérer ou de se protéger face aux forces négatives : des ema, planchettes de bois dans lesquelles des souhaits y sont inscrits au dos, des amulettes mais aussi des tablettes funéraires font partie des objets majeurs dans ce genre de pratique.

Les Japonais incarnent leurs divinités au cours des spectacles et cérémonies traditionnelles : grâce à l’invocation, les esprits s’immiscent dans les corps humains ou dans les objets les représentant, les démons y sont aussi conviés car ils peuvent également porter chance pour le reste de l’année. Les photographies de Charles Fréger permettent de voir réellement ces mises en scène, certes hors du cadre des rituels, mais illustrant parfaitement les gestes codés définis par la communauté. Chaque localité japonaise porte ses propres rituels pour célébrer le passage des saisons, selon la géographie de leur habitat, ce qui montre une relation permanente de la population avec son environnement. Les danses kagura promeuvent une importance très grande des masques : une fois qu’un habitant porte le masque d’un kami, il en devient le possesseur, les danses permettant ainsi de représenter des scènes mythologiques. Les animaux sont aussi de la partie, composant ainsi un bestiaire magique apportant bonheur et bonne fortune comme le lion shishi, le cerf shika, le renard kitsune et le chien viverrin tanuki.

Enfin, l’interprétation est conçue pour le théâtre du , bien différent des fêtes et rituels masqués traditionnels, toujours dans une tonalité spirituelle : l’acteur ne doit plus imiter une divinité mais raconter une histoire de façon personnelle, sa créativité doit divertir les divinités et apaiser les morts. Cet art scénique lie la danse, la musique avec le théâtre. Le masque y joue aussi un rôle fondamental pour s’imprégner totalement du personnage. A côté des masques du , sont présentés ceux du gigaku, un art de scène de pantomimes et de danses burlesques disparu au 13e siècle.

Pour chaque partie du parcours, y sont associés des piliers culturels japonais contemporains héritiers de ces esprits japonais : les yôkai, monstres et esprits potentiellement négatifs, sont représentés par la série « Yo-kai Watch », des costumes de cosplay côtoient les photographies pour montrer une autre forme d’incarnation japonaise et des jeux vidéos sont installés à la fin du parcours pour expliciter le cas de l’avatar numérique pour être partie prenante d’une histoire.

L’exposition « Yokainoshima, esprits du Japon » débute le samedi 7 juillet et se terminera le 25 août 2019.

 

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