Entre découvertes, grandes compagnies, cabarets, House on Fire et ateliers… la Maison de la danse déploie une programmation riche et pour tous les publics pour la saison 2024-2025 !
Après une première saison marquée par une exigence d’écritures propices à d’inoubliables émotions, Tiago Guedes, le directeur de la Maison de la danse, suit sa ligne directrice pour élargir notre regard et aiguiser notre curiosité envers les écritures plurielles de la danse, certaines étant rendues visibles grâce aux partenariats qu’il développe avec des institutions lyonnaises : le CND pour redécouvrir l’œuvre du regretté Raimund Hoghe (danseur, chorégraphe et dramaturge de Pina Bausch), le Théâtre de la Renaissance pour la trilogie autour de la guitare de la flamboyante danseuse de flamenco Rocío Molina ou les Subs avec la déchaînée Katerina Andreou. Les propositions artistiques tiennent compte des publics, s’emparent de l’énergie communautaire du clubbing et des danses urbaines qui déferlent sur les scènes, de sujets sociétaux comme de l’histoire de la danse, avec des prises de risque envers et contre tout… Cependant, si dans son éclectisme cette saison nous épargne la danse classique, elle renoue - tempérant sans doute pour son public socle la peur de l’inconnu qui peut mener à la chaise vide - avec les machines qui remplissent les salles comme Gruppo Corpo et sa danse gesticulatoire, l’esthétique soporifique d’Alonzo King, proposant un trop de cirque avec quatre compagnies (déjà vues) et l’omniprésence d’Hofesh Shechter qu’il faudrait mettre sur pause, le tout pouvant laisser la place à d’autres compagnies de danse que l’on ne voit pas ou plus. Même si elle fonde DUB, la nouvelle création survoltée d’Amalia Dianor, la danse hip-hop est étonnamment absente sur une terre lyonnaise qui a accompagné son émergence, présentée sous l’unique forme d’un show - le Golden Stage Tour avec trois crews internationaux (krump, hip-hop new style et break). A noter pour les fans : Angelin Preljocaj ouvre la saison avec un beau programme de trois pièces dont Noces, chef-d’œuvre absolu présenté en 2008 au Toboggan de Décines.
Nos coups de cœur !
Le Ballet de l’Opéra de Lyon avec Beach Birds de Merce Cunningham et Mycelium de Christos Papadopoulos, une des plus belles pièces de la dernière Biennale de la danse qui nous plonge dans une écriture minimaliste et envoûtante, Bruno Benne avec Rapides où il exprime sa vision contemporaine de la danse baroque, complexe et jubilatoire, sur la musique revisitée de Haendel, Dalila Belaza qui, après son merveilleux Figures au Subs, poursuit dans Rive sa recherche sur nos identités en mêlant rituels et danse contemporaine et François Chaignaud parce qu’il est un des rares artistes actuels qui ne cesse d’interroger l’écriture de la danse avec des spectacles à chaque fois différents et surprenants. Mirlitons, son duo créé avec Aymeric Hainaux, est un véritable combat organique entre deux bêtes de scène. Dans Majorettes, Mickaël Phelippeau raconte l’histoire de douze femmes de plus de soixante ans qui font partie du groupe Major’s Girls de Montpellier, unies par l’amitié et la vivacité de leurs désirs. La pièce intègre un programme intitulé Ce que l’âge apporte à la danse qui questionne les corps en séniorité dans la danse avec rencontres, films et spectacles. On salue la présence lumineuse du chorégraphe Thierry Thieu Niang pour des ateliers de pratiques dansées ouverts à tous les âges et tous les corps. Son Du printemps ! créé au TNP (avec Patrice Chéreau sur scène) lors de la Biennale de la danse 2012 où il faisait danser vingt-cinq danseuses et danseurs amateurs séniors nous avait profondément touchés, libérant une humanité dotée d’une force tellurique. L’héritière de William Forsythe, Chrystal Pite livre Assembly Hall, une pièce virtuose créée avec le dramaturge Jonathon Young, qui entre danse et théâtre et sous forme de tableaux surréalistes, sonde l’absurdité de notre époque. Révélation de la danse actuelle, très attendue à Lyon, Leïla Ka nous offre Maldonne, un quintette féminin, un hymne à la sororité porté par la folle énergie d’une liberté recouvrée. On pourra découvrir le travail de Marlène Saldana et Jonathan Drillet, un duo politique et transgressif dont l’écriture puise souvent dans les fables animalières. Il est judicieusement programmé avec deux pièces : Les Chats qui questionne la fin du monde en s’inspirant de la comédie musicale Cats et en transformant les interprètes en chats et Showgirl (inspiré du film sulfureux de Paul Verhoeven) présenté au Théâtre du point du jour qui dénonce avec humour et outrance la marchandisation du corps féminin dans le show-biz.
Notre plus gros coup de cœur !
Incontestablement, c’est le Portugais et artiste associé Marco da Silva Ferreira. La saison dernière, il nous a bouleversés avec l’écriture puissante et novatrice de CARCASS, mixant clubbing, danses urbaines et traditionnelles. Une Cosmologie lui est consacrée pour mieux connaître son travail et son univers artistique Dans un double programme créé pour le Ballet de Lorraine et qui s’annonce explosif, il présente a Folia aux côtés de Maud Le Pladec avec Static Shot.
Un sans-faute pour les premières parties
En 2023, Tiago Guedes a remis au goût du jour les premières parties dans le studio, invitant de jeunes artistes qui creusent des écritures singulières par le mouvement, la voix ou le texte. On les a toutes vues (6 au total) et ce fut un sans-faute… On ira voir les prochaines sans hésiter !
Les incroyables cabarets
Egalement nouveautés de l’an dernier, les cabarets ont été des moments remplis d’humour et de rencontres avec des artistes généreux et de qualité. Trois sont programmés : les Cabarets queer et délicieusement folledingues de La Bouche et Les douze travelos d’Hercule et le fascinant Romain Brau (comédien, styliste, chanteur, révélation du film Les crevettes pailletées) qui nous parle de lui sans tabou dans un show incroyablement glamour !
Programme complet : www.maisondeladanse.com