Des éoliennes dans un champ (Beaujolais)
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“La France est une cigale qui ne fait aucun choix stratégique pour sa sécurité énergétique”

Le projet de loi d'accélération des énergies renouvelables a été adopté le 7 février par le Parlement, en pleine crise énergétique et sous la pression de l'urgence climatique.

 "Lever tous les verrous qui retardent le déploiement des projets d'énergies renouvelables". Les députés ont entendu le message d' Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique. Le 7 février dernier, le projet de loi d'accélération des énergies renouvelables a été voté avec 300 voix "pour" et 13 voix "contre" (3 centristes et 10 sénateurs Les Républicains - dont le président du groupe Bruno Retailleau). Le texte entend répondre à l'objectif fixé par le président Emmanuel Macron pour 2050 de multiplier par dix la capacité de production d'énergie solaire pour dépasser les 100 GW et de déployer 50 parcs éoliens en mer pour atteindre 40 GW.

Il s'agit du premier volet d'un triptyque sur l'énergie, avec, au printemps, le vote d'un projet de loi favorisant la construction de nouveaux réacteurs nucléaires (adopté par le Sénat le 24 janvier dernier). L'Assemblée nationale se prononcera ensuite, très probablement cet été, sur le futur énergétique de la France, avec la loi de programmation pluriannuelle qui déterminera la part de chaque énergie.

Daniel Gremillet, sénateur (LR) des Vosges, est président du groupe d’études Énergie au Sénat et rapporteur du projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité des sites nucléaires actuels et au fonctionnement des installations existantes.

Daniel Gremillet, sénateur (LR) des Vosges
Daniel Gremillet, sénateur (LR) des Vosges

Lyon Capitale : Vous présidez le groupe d’études Énergie au Sénat depuis 2017. Aviez-vous imaginé que la France puisse, un jour, se retrouver dans cette situation de crise énergétique ?

Daniel Gremillet : Au début de mes travaux, la situation n’était pas celle que nous connaissons aujourd’hui. La situation géopolitique et la situation économique qui en découle étaient très différentes. Néanmoins, très rapidement, je me suis rendu compte qu’on ne pouvait pas d’un côté afficher une politique antinucléaire et de fermeture des sites et, de l’autre, ne pas avoir de productions pilotables qui les remplacent. En d’autres termes, nous ne pouvons pas garantir une énergie à nos concitoyens, à nos entreprises, à nos collectivités, pour la vie au quotidien, si nous n’avons pas suffisamment de puissance énergétique pilotable. C’est-à-dire, une énergie qui puisse s’adapter à la quantité d’électricité des consommateurs finaux.

Il y a eu un assez fort développement des énergies durables…

Certes, il y a eu un développement des énergies renouvelables – éolien, solaire, biomasse et surtout hydraulique représentent actuellement environ 19 % de la consommation finale brute d’énergie en France – mais malgré tout, si cette énergie renouvelable ne s’assoit pas sur une énergie pilotable, comme le nucléaire et l’hydroélectricité, nous restons en situation de faiblesse. Il faut pouvoir compter sur une complémentarité entre les différentes énergies. Il faut bien garder en tête qu’aujourd’hui, nous vivons encore sous la politique énergétique du général de Gaulle, de Pompidou et de Valéry Giscard d’Estaing. Ils ont, en leur temps, fait des choix stratégiques pour la France à travers le nucléaire et l’hydroélectricité. Cette vision politique de l’énergie a permis à la France de se doter d’un mix énergétique presque entièrement décarboné, unique au monde, avec une part de 75 % d’énergie d’origine nucléaire et une part de 13 % d’origine hydroélectrique.

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