Cette année, Lyon va connaître une situation inédite. Elle va nous offrir une échéance électorale très incertaine qui va trancher avec vingt ans de renouvellement sans surprise des mandats du maire de Lyon.
Pour beaucoup, une défaite de Gérard Collomb est impossible, tant sa pugnacité l’a révélé au fil des années comme une bête politique. Ceux-ci n’imaginent pas qu’il ne puisse être de nouveau sacré roi. Ce qui est sûr, c’est qu’il lui faudra se surpasser pour que leur vœu se transforme en victoire en mars. Car la particularité de cette élection n’est pas seulement qu’elle l’oppose à son ancien protégé, avec qui il partage un électorat ayant massivement voté pour La République en Marche aux scrutins présidentiel et européen. C’est aussi le nouveau mode de scrutin métropolitain, qui chamboule les règles du jeu. Celles que Collomb a lui-même changées il y a cinq ans pour s’assurer une majorité en prévision de cette élection, lorsqu’il était loin d’imaginer une scission dans son propre camp. Cette année, il devra ainsi nouer de nouvelles alliances pour emporter la mise. Mais le maire de Lyon, tel un alchimiste – ou un macroniste, au choix – a toujours eu le talent de transformer de supposés adversaires en alliés, et des alliés en variables d’ajustement. Tous les scénarios sont ainsi envisageables, y compris qu’il contribue à faire élire un maire issu de la droite à la ville de Lyon, en échange d’un coup de pouce à la métropole.
L’année 2020 va également nous procurer le dénouement d’une affaire hors du commun. Celle qui a mis dans la tourmente l’un des plus fidèles et ambitieux représentants de l’Église. La justice va définitivement trancher sur la responsabilité du cardinal Barbarin dans la non-dénonciation d’abus sexuels. Ce qui se joue dans la décision que prendront les juges en janvier, ce n’est pas seulement la prise en compte de la douleur et de la souffrance des victimes, ou le jugement de la faute morale d’un des plus hauts représentants de la hiérarchie catholique. C’est aussi la capacité d’ y opposer, même à contrecœur, les règles de droit. Il leur faudra ainsi se prononcer sur la notion de prescription, dans une temporalité complexe. Entre la prescription des faits et la prescription de la dénonciation, l’appréciation de la vulnérabilité des victimes ou de l’entrave à la justice, les juges devront interpréter la loi, tout en mesurant les conséquences de leur décision, car celle-ci fera sans doute jurisprudence. Ce numéro de Lyon Capitale vous propose un décryptage pour comprendre toutes les règles de droit qui prévalent dans ce procès hors norme.
En matière de justice, c’est aussi l’heure du bilan pour les Gilets jaunes. Lyon Capitale fait le point sur les gardes à vue, les comparutions immédiates et les condamnations qui s’enchaînent depuis un an au rythme des manifestations et des débordements. Notre journaliste a rencontré de nombreux avocats qui s’alarment de voir les magistrats trancher de manière de plus en plus expéditive face au nombre inattendu de prévenus, dont la plupart sont d’ailleurs novices face à la justice. Il ne s’agit pas d’excuser la violence, mais la nécessité d’y répondre avec fermeté doit être accompagnée de temps et de moyens afin de juger de manière équitable. En ce début d’année, où la contestation sociale est encore vive, le défi est immense pour les juges, qui ne doivent pas perdre la confiance des citoyens.
Une nouvelle année est aussi l’occasion de se projeter sur le devenir d’une ville. Même s’il est loin de ressembler à la skyline rêvée par Gérard Collomb, le quartier de la Part-dieu commencera à révéler en 2020 son nouveau visage. Les premières grandes transformations du centre commercial seront ainsi visibles. Il sera plus ouvert sur la ville : les architectes ont privilégié des toits-terrasses afin d’offrir des panoramas et des vues dégagées, tout en reconnectant au tissu urbain ce quartier jusque-là peu propice à la déambulation.
Au chapitre des changements également, une révolution silencieuse semblait s’ourdir à Collonges-au-Mont-d’or. La maison Bocuse, poussée par les injonctions du petit livre rouge, était en train d’opérer ce qui paraissait inimaginable il y a encore quelques années : un changement des plats, ceux que Paul Bocuse avait soigneusement érigés en mythes intemporels. Le risque de décevoir les adeptes de la tradition et du devoir de mémoire était grand. Mais le pari est réussi. Point de révolution, mais une amélioration subtile et pertinente, selon notre journaliste gastronomique, qui a eu la chance de découvrir cette nouvelle carte.
Enfin, dans le supplément à ce numéro, Lyon Capitale vous propose de découvrir ses choix en matière culturelle. Nos critiques ont repéré dans l’abondante offre les spectacles, rencontres et expositions qui marqueront le premier semestre 2020. Au programme, de l’émotion, des réjouissances, mais aussi matière à réflexion pour continuer à nourrir les débats, qui seront plus que jamais au rendez-vous de votre magazine. Bonne lecture et belle année à tous !