Le scrutin PLM en PLS

L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale.

C’est un marronnier. Ou presque. Avant chaque élection (chacun fourbit déjà ses armes pour l’échéance 2026), le mode de scrutin propre à Lyon (Paris et Marseille) revient sur le devant de la scène.
Lors de sa conférence de presse du 16 janvier, le président Macron a souhaité “qu’un électeur puisse avoir les mêmes droits et compter autant (à Lyon) qu’à Amiens, à Besançon ou ailleurs”. Dont acte.

Si le chef de l’État a saucé son discours à grand renfort de “remaniement” tous azimuts, il a oublié la picante. Celle qui donne des frayeurs à certains et des espoirs à d’autres : le mode de désignation des maires des trois plus grandes villes françaises.

Le “scrutin PLM” (Paris, Lyon, Marseille), qui fête ses quarante-deux ans cette année, autorise que les élections se déroulent à l’échelle des arrondissements, et non pas à l’échelle de la ville, comme partout ailleurs. 
Chaque électeur élit un nombre de conseillers proportionnel au nombre d’habitants du secteur. Les listes qui arrivent en tête bénéficient d’une prime majoritaire dans leur arrondissement. Ensuite, les conseillers (soixante-treize au total) élisent le maire de Lyon, lors du premier conseil municipal de la ville.

Au final, prime est donc donnée aux territoires plus qu’aux suffrages. 
Ce scrutin particulier donne en effet l’avantage aux arrondissements en fonction des suffrages obtenus, chaque arrondissement disposant d’un contingent de conseillers municipaux proportionnel à sa population. Les arrondissements les plus peuplés envoient donc plus de conseillers à l’hôtel de ville. Le 8e arrondissement compte ainsi douze conseillers contre quatre seulement pour le 1er.

Un système un peu comparable à celui des primaires américaines – sauf que les États, à Lyon, sont des arrondissements. Les Lyonnais votent pour des conseillers qui, à l’instar de grands électeurs, siègent au conseil municipal puis élisent le maire. Autant il peut y avoir des identités propres par État, autant c’est moins évident au niveau d’un arrondissement. En quoi le poids politique d’un électeur du 1er diffère-t-il du 9e arrondissement ?

Et, finalement, un candidat peut ainsi gagner tout en perdant. Comme aux-États-Unis, en 2016, quand Hillary Clinton avait perdu face à Donald Trump malgré ses 200 000 voix supplémentaires. À Lyon, en 2001, Gérard Collomb avait raflé la mise avec 10 000 suffrages de moins que la droite.

On peut donc aboutir à l’élection d’un maire sans majorité populaire. Le candidat a alors intérêt à faire campagne dans les quartiers qui pèsent le plus lourd en voix. Les arrondissements les plus peuplés avaient permis à Gérard Collomb d’être élu maire de Lyon.

En 2020, Grégory Doucet a, en revanche, bien été élu dans sept des neuf arrondissements et avec la majorité aussi bien en nombre de voix qu’en termes de conseillers à l’hôtel de ville. Une victoire large… mais avec peu d’électeurs. On peut donc difficilement laisser l’abstention de côté, les 53 % des voix ayant représenté 19 % des inscrits. De quoi relativiser un peu la vague verte.

“Plus généralement, analyse Virginie Martin, docteure en sciences politiques à Kedge Business School, dans ce mode de scrutin, des écarts très différents en voix peuvent, d’une circonscription à l’autre, produire le même écart en sièges : toutes les voix n’ont donc alors pas le même poids. Ce qui écorne le principe selon lequel les bulletins de vote se valent.”

Affaire en ballottage gauche droite. À suivre.

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