L’équipe nationale italienne de rugby au palais de la Bourse, à Lyon, lors du lancement officiel de la candidature de la cuisine italienne au patrimoine immatériel de l’Unesco, le 22 septembre 2023 @GL

Qu’il aille se faire cuire un œuf !

Peut-on parler de tout ? Peut-on parler avec tout le monde ? Non, mettent au point les écologistes lyonnaises. L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale.

Ils étaient tous là. Dans la grande salle Second Empire du palais de la Bourse de Lyon. Impeccables sur leur trente et un, les joueurs de la sélection italienne de rugby. En rangs serrés autour de leur capitaine Michele Lamaro, son 1 mètre 89 et ses 103 kilos.

À leurs côtés, un aréopage de personnalités ausoniennes : le président de la fédération italienne de rugby, l’ambassadrice d’Italie à Paris, l’ambassadeur d’Italie à l’Unesco, la nouvelle consule générale d’Italie à Lyon, le nouveau président de la chambre de commerce italienne à Lyon, le président de l’agence italienne pour l’export et, figure première dans l’ordre protocolaire, le ministre italien de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

Le gouvernement ultramontain recevait le 22 septembre pour un dîner de gala, aux couleurs et aux sonorités d’il bel paese, mijoté autour d’un destin commun : l’inscription de la cuisine italienne au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

L’Italie avait fait honneur à Lyon en choisissant “l’extraordinaire capitale mondiale de la gastronomie”, aussi surnommée “Lyon, l’Italienne”, en raison de leurs liens étroits depuis le XVe siècle, les Italiens s’illustrant à Lyon dans la soie, la banque, le commerce, l’imprimerie ou la faïence, afin de lancer officiellement cette candidature.

Une marque de respect que la Ville de Lyon n’a, semble-t-il, pas goûté, aucun représentant de la mairie ne s’étant déplacé, à la grande surprise des journalistes présents.  Côté transalpin, cette absence a été perçue comme un “manque de respect”, d’“inélégance” et d’“incorrection”, selon plusieurs “huiles” qui ont préféré garder l’anonymat par crainte de déclencher une gelée gastrodiplomatique.

On ne peut qu’être étonné d’une telle attitude, même s’il ne semble pas y avoir de protocole assujettissant un maire à accueillir un ministre étranger de passage dans sa ville.

En réalité, la signature de cette entorse aux usages est purement politique. La Métropole, elle aussi invitée, a justifié dans nos colonnes avoir fait l’école buissonnière “car Francesco Lollobrigida est un ministre d’extrême droite”. Si la Ville de Lyon n’a pas répondu à nos sollicitations, on peut supposer, compte tenu de ses accointances avec l’exécutif du Grand Lyon, le même motif.

Un tel argument s’inscrit dans un discours ni spécialement respectueux de nos institutions ni très démocrate, encore moins pluraliste mais complètement dans la lignée de cette politique actuelle qui promeut l’inclusion (quand ça l’arrange) mais applique l’exclusion (quand ça la dérange)…

“C’est une grosse faute protocolaire”, s’émeut un ancien membre de la direction des relations internationales de la Ville de Lyon. D’autant que le ministre italien de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (qui a précisé avoir choisi le nom de sa législature “pour suivre la France qui a été le premier en Europe à le faire”) était à Lyon pour parler terroir, productions alimentaires et biodiversité.

“La compagnie d’un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d’un terroriste hystérique, je pouffe à peine, et la présence, à mes côtés, d’un militant d’extrême droite assombrit couramment la jovialité monacale de cette mine réjouie (...)”, avait un jour dit Desproges dans son “Tribunal des flagrants délires”.

Peut-on parler de tout ? Peut-on parler avec tout le monde ? Non, mettent au point les collectivités locales écologistes lyonnaises.

(Post-scriptum : la préfecture était représentée par la conseillère diplomatique de la préfète de région, tandis que le directeur des relations internationales représentait la Région Auvergne-Rhône-Alpes.)

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