Le maire de Lyon, premier édile lyonnais, et le premier flic de France croisent le fer depuis longtemps. L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale.
Ce n’est pas encore Yellowstone, la série télé phénomène qui mixe western moderne et soap, mais ça respire tout autant la virilité toxique et Les Feux de l’amour.
Pour celles et ceux qui ont fait un break cet été, la passe d’armes entre Grégory Doucet et Gérald Darmanin a pris un sacré coup de chaud (rien à voir avec les températures caniculaires, simple dérèglement démocratique).
Si le premier édile lyonnais et le premier flic de France croisent le fer depuis longtemps – on se souvient des politesses échangées fin 2021 concernant l’extension du siège d’Interpol à Lyon et le déploiement de la vidéosurveillance –, leur relation a du plomb dans l’aile…
… À soupçonner que les “GD” se croient sortis tous deux de la cuisse de Jupiter. Les deux hommes sont en effet montés sur leurs grands chevaux (à bascule), le premier bleu de France et le premier Vert de Lyon ayant vu diablement rouge à propos de la Guillotière.
Au cœur de leurs amabilités, l’insécurité (systémique) du quartier, ses coups de feu et de couteaux, son trafic de stups et de toutes sortes, sa prostitution et ses échauffourées.
À terre brûlée, grandes envolées. Sur fond de grosse contrariété, les deux hommes se sont poussés hors de leurs gonds respectifs jusqu’à frôler le coup de sang (médicalement parlant).
Pas de duel au soleil, d’yeux plissés, ni d’harmonica, rien que des échanges épistolaires et des invectives via Twitter. Ainsi va la politique en 2022 (?).
Le maire de la deuxième ville de France a même pris le soin de boycotter la venue d’un ministre, qui plus est celui chargé de la sécurité intérieure et des libertés publiques.
Il y a des choses qui ne se font pas, n’en déplaise aux idéologies. Grégory Doucet n’est plus dans l’opposition – comme le rappelle assez justement l’ancien président de la Métropole de Lyon, David Kimelfeld – mais bien le maire d’une ville de plus de 500 000 habitants.
Au-delà des idéologies, il y a la dimension protocolaire. Les citoyens attendent de leurs élus une attitude républicaine. Lors d’une visite ministérielle, il faut savoir se détacher des étiquettes et des évangiles. Tel est le jeu de la démocratie et de la préséance.
De ce feuilleton à grosse audience (désormais nationale) – que suivent avec assiduité, aux dires de la place Beauvau, le président de la République et la Première Ministre – il y a fort à parier que nous nous rappellerons surtout que tout ce temps perdu ne se rattrape plus…
Le maire de Lyon a fait savoir qu'il accepterait de rencontrer le ministre de l’Intérieur lors de sa prochaine venue à Lyon, à ses conditions.
Il y a obligation à ce que les deux hommes se rencontrent. La Ville et l'Etat doivent travailler main dans la main, afin que l’intérêt général dépasse les viles considérations politiques actuelles.