Cultiver le bonheur en famille

Tous les parents souhaitent avoir une vie de famille heureuse. Pourtant, mettre de la joie à la maison n’est pas si facile. Travail stressant, écrans omniprésents, environnement compétitif, actualité anxiogène… Le quotidien n’est pas toujours propice au bonheur… Comment encourager l’harmonie familiale ? Quelles sont les clés pour vivre heureux, ensemble ?

À mon sens, le bonheur est un chemin constitué de tous les petits et grands plaisirs de la vie, tous ces petits moments que l’on partage avec nos enfants et qui nous font du bien, qui nous réchauffent le cœur…”, souligne Véronique Maciejak, formatrice en communication adultes/enfants, autrice du livre Je me mets à l’éducation positive (édition Eyrolles) et créatrice du podcast “Ça file good à la maison”. Encore faut-il savoir les reconnaître et les apprécier ! Si le parent est capable de s’émerveiller, s’il partage son enthousiasme en famille, il montrera la voie du bonheur.

A contrario, s’il est négatif, passe son temps à râler et ne sait pas gérer ses émotions négatives, son enfant aura du mal à envisager la vie avec confiance et sera moins doué pour le bonheur. “L’enfant apprend par la valeur de l’exemple, par mimétisme. Si son parent est heureux, alors il le sera plus facilement lui aussi”, ajoute la formatrice.

Favoriser le bonheur individuel

Pour mettre de la joie dans sa famille, il faut avant tout favoriser le bonheur individuel. Les besoins et les limites de chacun doivent être respectés. Personne ne doit s’oublier au profit des autres. Certains parents pensent devoir se sacrifier totalement pour leur enfant, mais ils font fausse route ! Comment un parent qui ne prend pas soin de lui pourrait-il avoir l’esprit disponible pour donner le goût du bonheur à ses enfants ? Pour être joyeux en famille, il faut pouvoir recharger ses batteries en s’octroyant régulièrement des temps de pause et des moments de plaisir.

Véronique Maciejak explique : “Si on souhaite apporter du bonheur dans sa famille, cela commence par être épanoui en tant qu’adulte. C’est comme cela que l’on pourra donner le meilleur à ses enfants. En revanche, il ne s’agit pas d’être un parent parfait ! Cet équilibre s’atteint d’autant plus facilement que chacun apporte sa contribution à la vie familiale. Cela peut être le grand frère qui aide son cadet à faire ses devoirs, l’ado qui aide son parent dans sa communication sur les réseaux sociaux, la participation aux tâches ménagères… Ainsi, chacun a sa place dans la famille, chacun a un rôle à jouer et se sent utile. Bien sûr, on fait en sorte que cette contribution ne soit pas forcément qu’une contrainte, et qu’elle donne envie à l’enfant de s’investir dans sa famille.”

Développer la communication

Cultiver le bonheur en famille, cela passe par une bonne communication. Le parent doit être capable d’écouter son enfant, d’accueillir ses émotions quelles qu’elles soient. Il est là pour lui apprendre à les gérer, à relativiser et à rebondir, et non pour le juger et lui rajouter un stress. “Lorsque l’enfant rentre chez lui, il doit avoir la sensation qu’il retrouve son cocon et se sentir en sécurité, à l’aise pour parler et vider ce qu’il a sur le cœur”, recommande Véronique Maciejak. “Quand j’étais petit, j’avais bien compris qu’il ne fallait pas que je parle de mes problèmes à la maison, mon père ne le supportait pas, et je me faisais disputer. Avec mes enfants, je suis très vigilant et j’essaie de ne pas reproduire le schéma. En général, ils ont des petits soucis, mais qui, à leur échelle, peuvent leur paraître insurmontables. Je me dis que je suis là pour les rassurer, et essayer de trouver une solution avec eux”, témoigne Yann, 44 ans, père de deux enfants de 8 et 12 ans.

Gestion des tâches ménagères, partage de la salle de bains, choix des programmes télé… les problèmes de cohabitation sont aussi fréquents, et doivent être réglés. Si on les met sous le tapis, on crée du ressentiment, peu propice à une ambiance apaisée. Chacun doit se sentir libre de s’exprimer sans qu’un rapport de force ne s’installe. “L’authenticité et l’honnêteté sont primordiales : chacun doit oser dire s’il y a un problème, l’idéal étant de rechercher des solutions tous ensemble. On pose, en famille, le problème de manière factuelle. Chacun essaie de proposer une solution respectueuse et aidante. Puis on vote pour celle qui semble réalisable. Plus on prend l’habitude de fonctionner comme cela, plus les enfants développeront leur créativité et trouveront rapidement des solutions, et plus ils seront à même de résoudre leurs problèmes entre eux”, souligne Véronique Maciejak.

S’amuser et créer de bons souvenirs

En tant que parent, on a souvent tendance à se focaliser sur le scolaire, que l’on charge d’angoisse. Si le sujet doit être parfois abordé, il a tendance à concentrer toute l’attention familiale. Si l’on veut mettre du bonheur dans sa famille, il faut a contrario chercher à diminuer l’anxiété, apporter un peu de légèreté, encourager les moments de joie et d’émerveillement. “En famille, il faut jouer, s’amuser, faire des activités tous ensemble. Et aussi en reparler. C’est comme cela que l’on entretient le bonheur. Plus on se rappelle les moments sympas passés en famille, et plus ils s’ancrent et créent de la joie. On peut faire un coin photos des bons souvenirs partagés, les changer régulièrement… On met aussi en place des rituels propres à la famille, en veillant à ce qu’ils plaisent à tous : la balade au marché le samedi matin, le poulet frites du dimanche midi, l’apéro du dimanche soir devant la télé… On passe ainsi des moments heureux ensemble, et on se crée de bons souvenirs.” “À mon sens, les rituels sont des marqueurs qui font qu’on se sent appartenir à une famille. Par exemple, quand mes enfants étaient petits, à chaque trajet en famille, on inventait des devinettes, c’était devenu incontournable. Ce n’était pas une activité extraordinaire, mais on s’amusait, et la récurrence fait qu’ils nous en parlent encore”, rapporte Delphine, 48 ans, mère de trois enfants. On organise aussi des moments privilégiés en tête à tête avec chacun de ses enfants, autour d’une activité qui lui plaît. L’enfant se sent unique, valorisé. Cela favorise les confidences et renforce les liens. “Avec les ados, il faut savoir s’adapter. Ils ont moins envie d’être avec nous, alors on profite de la moindre occasion pour passer du temps ensemble. Un trajet, un temps d’aide pour leur travail scolaire… Et on continue de leur proposer des moments à deux, adaptés à leur âge : du shopping, un petit restau, le choix du déguisement pour la soirée Halloween…”, prévient la formatrice.

Apprendre à se soutenir

Être heureux en famille, c’est aussi apprendre à être solidaires et à se soucier les uns des autres. “Dans une fratrie, on n’est pas obligés de s’entendre. Cela ne sert à rien de forcer des relations qui n’ont pas envie d’être. Mais on doit se respecter, et être là les uns pour les autres. On se tient au courant des moments importants que l’on vit, qu’ils soient heureux ou compliqués. C’est aussi l’occasion de se retrouver pour célébrer un événement joyeux, quel qu’il soit : une bonne note dans une matière dans laquelle on a des difficultés, l’obtention du bac, du permis de conduire… Le bonheur individuel ça se célèbre au pluriel, avec toute la famille”, souligne Véronique Maciejak.

La gratitude est également importante : apprendre à reconnaître ce que les autres font de bien, à dire merci… Autant d’attitudes qui contribuent à souder une famille. “Quand mes enfants étaient petits, on faisait une fois par semaine une petite réunion pour se remercier des petites choses sympas qu’on avait faites pour les autres, même anodines. Le petit frère remerciait sa grande sœur d’avoir joué avec lui. La grande remerciait son frère de l’avoir laissée tranquille pendant ses devoirs. La première fois, ils n’ont pas su trop quoi dire. Puis très vite, ça leur est venu naturellement, ils adoraient ça !”, se souvient Alexandra, mère de deux enfants. Quoi qu’il en soit, il faut bien se dire que vivre en harmonie en famille est un but qui n’est pas toujours facile à atteindre dans les faits. Mais il ne faut pas se décourager ni culpabiliser. Et se dire que cet apprentissage donnera à l’enfant de bonnes bases pour sa vie en société.

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