© Photo Jair Lanes / © Courtesy Perrotin

Biennale d’art contemporain : Jesper chante Just

Jesper Just sème trouble et émotions avec une œuvre qui fait jaillir la vulnérabilité des hommes à travers le chant et la voix.

Déjà présent en 2023 au MacLyon avecINTERFEARS – un film très impressionnant qui mettait en scène la topographie émotionnelle de l’acteur Matt Dillon capturée par une machine IRM tandis qu’il réagit à la Symphonie n° 3 de Mahler – le Danois Jesper Just crée une fois de plus un choc émotionnel avec No Man is an Island II (“Aucun homme n’est une île II”).

L’artiste développe une pratique autour de la vidéo et de l’installation en détournant les techniques et les codes traditionnels de la narration au cinéma pour créer des situations énigmatiques voire hypnotiques qui amènent les spectateurs à se concentrer uniquement sur les émotions et états psychiques portés par les œuvres.

No Man is an Island II, Jesper Just, 2004

La vidéo est saisissante. Elle nous embarque dans un tête-à-tête avec des hommes esseulés dans la pénombre d’un club de strip-tease sur fond de couleurs rouge et dorée. À la manière d’un peintre, il a composé avec précision l’éloignement des corps les uns des autres, laissant apparaître le vide des espaces qui les séparent, l’absence de liens, le sentiment malgré tout d’une attente commune, indicible, enfoncée dans la solitude morbide ou indifférente. Puis il bouscule le cadre, pose sa caméra sur le visage du plus jeune qui soudain se lève et entame a cappella Crying de Roy Orbison avec une voix qui vient de so, tréfonds et nous donne la chair de poule.

Peu à peu, les hommes se lèvent et se mettent à chanter avec des nuances dans l’épaisseur de la voix, mais aussi avec des larmes. Un chœur se constitue telle une onde vibratoire qui transperce nos veines, nous portant à les rejoindre dans cette solidarité recouvrée qui accueille l’autre, tous les autres. Comme transformés, ils laissent surgir derrière leur masculinité apparente une étrange féminité, troublant de manière subtile notre regard sur le genre.

Brute, simple, distillant de l’émotion à l’état pur, l’œuvre illustre à elle seule une Biennale justement fondée sur l’altérité et les relations humaines !

No Man is an Island II(“Aucun homme n’est une île II”) - Jesper Just – Biennale d’art contemporain jusqu’au 5 janvier 2025, au MacLyon – www.labiennaledelyon.com

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