3e procès pour Gérard Ducray : “Trop choquée, je n’irai pas”

L’ancien député du Rhône Gérard Ducray retrouvera la justice le 13 octobre prochain. Il sera jugé à nouveau pour agression sexuelle, comme en a décidé la cour d’appel de Lyon ce lundi soir. La plaignante, Aline Rigaud, toujours très choquée, n’ira pas à ce troisième procès, a-t-elle confié à Lyon Capitale.

Au lendemain de la décision de la cour d'appel de Lyon, Aline Rigaud, ancienne employée municipale à Villefranche-sur-Saône, se déclare "très satisfaite". "La justice connaît son travail", ajoute-t-elle d'une petite voix. Visiblement, les traces de cette affaire n'ont pas disparu. "Je fais des cauchemars toutes les nuits", explique-t-elle, un peu lasse.

La loi sur le harcèlement sexuel jugée inconstitutionnelle

En 2007, alors qu'elle travaille à la mairie de Villefranche, Gérard Ducray, alors adjoint, la convoque par deux fois dans son bureau. Deux autres femmes, toujours à la mairie, évoquent également un comportement déplacé de l'élu, ancien secrétaire d'État au tourisme sous Giscard d'Estaing. Seule Aline Rigaud porte plainte, et Gérard Ducray est condamné pour harcèlement moral, condamnation confirmée en appel en 2011.

Aidé de son conseil, Me André Soulier, l'homme politique n'en reste pas là. Il demande à la Cour de cassation de saisir le Conseil constitutionnel d’une question prioritaire de constitutionnalité et de prouver, en quelque sorte, la légalité de la loi. Jugé inconstitutionnel, le texte est abrogé le 4 mai 2012. Toute la procédure contre Ducray est ainsi annulée. Aline Rigaud est contrainte de lui rembourser les indemnités perçues (5 000 euros de dommages et intérêts et 1 000 euros de frais de justice). En France, près de 2 000 femmes connaissent la même situation qu'Aline Rigaud.

“M. Ducray n’est pas coupable”

De son côté, son avocat, Me Pierre Mury, ne baisse pas les bras et réclame une nouvelle qualification juridique des faits. Chose faite hier soir, à la surprise de Me Soulier. "Cette procédure est surprenante, affirme l'avocat lyonnais, visiblement très remonté. Je considère que M. Ducray n'est pas coupable, quel que soit l'habillage juridique dont on essaye de revêtir les faits." "Mon client subit l'acharnement que je qualifierais de procédural de la part de la plaignante", avance-t-il, non sans promettre "quelques surprises" au procès devant le tribunal correctionnel le 13 octobre prochain.

“Je ne supporte pas de voir Ducray”

En attendant, Aline Rigaud ne veut pas se rendre à cette audience. "Je ne peux pas, car cela me bouleverse trop, explique-t-elle. Je ne supporte pas de voir Ducray. Et je n'ai pas envie d'entendre les arguments de son avocat." Cette mère de famille, aujourd'hui professeure d'histoire et de géographie, réside à 100 mètres de la mairie de Villefranche. "Pour moi, confie-t-elle, les lieux sont imprimés par cette histoire. J'ai toujours peur de croiser Ducray." Elle vient de déposer une demande d'expatriation auprès de l'Education nationale.

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