Dominique Cottrez, accusée d’infanticide sur huit de ses enfants, devra comparaître devant la cour d’assises de Douai. La cour d’appel de Paris a annoncé sa décision ce lundi en début d’après-midi. Me Carlier, son avocate, contactée par Lyon Capitale, dénonce une manipulation de la loi par les juges parisiens. “La loi passe après la morale”, affirme l’avocate, très remontée contre l’arrêt.
Dans leur arrêt rendu ce lundi, les magistrats de la cour d'appel de Paris ont souligné le "besoin de protéger le plus faible", "de contrat social", " de donner des explications à l'opinion publique". Me Marie-Hélène Carlier reste implacable dans son constat. Sa cliente a été "sacrifiée à l'opinion publique, au nom de la morale". D'ailleurs, les juges évoquent également la nécessité de faire évoluer la loi en matière de prescription.
La morale au-dessus de la loi ?
"C'est une invitation au Parlement de modifier les règles de prescription, décrypte l'avocate, associée à Me Berton dans cette affaire. Pourquoi ma cliente devrait faire les frais d'une loi qui n'existe pas ?" s'étonne-t-elle. En effet, les deux avocats soutiennent, comme l'indique l'article 7 du Code de procédure pénale, que le délai de prescription (10 ans en matière criminelle) doit commencer à partir de la commission des faits. Selon les expertises, sept des huit enfants étaient nés avant mai 2000, alors que cette femme âgée de 50 ans avait avoué les faits en juillet 2010 après la découverte d'un nourrisson dans un sac-poubelle.
Une relation incestueuse avec son père
À l'époque, cette affaire sans précédent avait bouleversé le petit village de Villers-au-Tertre, situé dans le Nord. Du fait de sa forte corpulence, cette ancienne aide-soignante avait dissimulé ses grossesses à son entourage. Son comportement interroge, insiste son avocat. Pendant très longtemps, "elle a gardé ses nourrissons dans un sac-poubelle, à la tête de son lit, dans sa chambre", explique son conseil.
En 2011, cette mère de famille avoue un terrible secret de famille. Son père, mort en mai 2007, l'a violée dès l'âge de 12 ans, puis à 16 ans et de nouveau en 1991. Mais, peu à peu, elle s'est dite "un peu consentante" et finit par décrire "une relation amoureuse". Elle aurait tué les deux premiers bébés de crainte qu'ils ne soient le fruit de ces rapports incestueux.
Aujourd'hui, Dominique Cottrez est toujours soutenue par son époux et ses deux filles. "Sa famille doit rester proche d'elle", affirme Me Carlier, qui a contacté sa cliente ce lundi après-midi : "Elle est anéantie par cette décision et a très peur d'affronter une cour d'assises." L'avocate et Me Berton vont de nouveau déposer, dès ce lundi soir, un pourvoi en cassation.