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Linas @google maps

Justice : deux hommes âgés victimes d’esclavage moderne

Un procès sur l’esclavage moderne s’ouvre ce mercredi devant le tribunal correctionnel d’Évry, dans l’Essonne. Un homme âgé de 41 ans comparaît pour traite des êtres humains. sa mère, âgée de 81 ans, sera jugée à ses côtés pour abus de faiblesse. Aujourd’hui en France, le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM) accompagne près d’une centaine de procédures judiciaires par an.

Les victimes sont deux hommes, âgés de 71 et 63 ans. "Jo-Jo" et "JP" – l'un pendant 40 ans, l'autre pendant près de 30 ans – ont vécu et travaillé dans des conditions extrêmement précaires et indignes.

Des conditions de logement inhumaines

À Linas, petite commune proche de Montlhéry dans l’Essonne, ils étaient employés dans une petite entreprise familiale spécialisée dans l'élevage porcin, puis reconvertie en 2001 dans le conditionnement d'appâts pour la pêche. Le plus âgé avait été recruté dans un hôpital psychiatrique, celui de 63 ans dans un centre pour mineurs. "Même les enquêteurs n'ont pas pu déterminer les dates exactes", nous confie Me Desgranges, l'avocat du Comité contre l'esclavage, partie civile dans ce procès.

"Ils logeaient dans une espèce de cabane, perchée en hauteur dans un hangar", décrit l'avocat. "C'était extrêmement malsain, il y avait une forte puanteur car c'est dans ce hangar que l''on conservait les appâts", ajoute-t-il. Ils étaient à peine rémunérés, de l'ordre de 20 euros par semaine alors qu'ils travaillaient de 50 à 60 heures.

Le propriétaire de l'entreprise familiale, léguée par sa mère, se justifierait par "une situation trouvée en l'état" en 2001. La mère avancerait "avoir systématiquement agi dans l'intérêt des deux victimes". Le plus jeune des hommes travaillait aussi de nuit, s'occupait également de l'entretien de la piscine. "L'entreprise familiale tournait bien", avance l'avocat, un brin sarcastique.

Mais comment expliquer que ces hommes aient été, pendant la plus grande partie de leur existence, traités de la sorte ? "Les propriétaires avançaient aux autres employés qu'ils étaient leurs tuteurs légaux. Leurs papiers d'identité leur étaient confisqués", explique, en partie, Me Desgranges.

Un état de santé déplorable

Alerté, le CCEM est intervenu le 10 septembre dernier sur le site et a aussitôt pris en charge les deux hommes, dans un état de santé déplorable, "un état de dénutrition", avance le médecin chargé de les examiner. Mauvaise dentition, anémie associée à une analyse critique peu développée voire à une analphabétisation : les victimes ne peuvent pas s'occuper d'elles-mêmes. L'une a été placée sous protection juridique, l'autre sous curatelle. Seul "JP" devrait être présent à l'audience, Jo-Jo étant beaucoup trop faible.

"L'esclavage est à portée de métro, de RER ou de TGV", estime la présidente du CCEM, Sylvie O'Dy. Elle veut sensibiliser l'opinion sur cet état de fait, alors que l’esclavage a été aboli en 1848 en France. Depuis sa création, en 1994, l'association a multiplié les procédures judiciaires sur des faits avérés d'esclavage. En 2013, 132 victimes ont été prises en charge par le comité.

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