La cour d’appel de Lyon réexamine ce jeudi matin une demande d’extradition de la Russie. Celle-ci vise un ancien ministre soupçonné de fraude financière, arrêté à l’été 2013 sur la Côte d’Azur.
En janvier dernier, la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence s'était prononcée pour l'extradition d'Alexeï Kouznetsov, mais son arrêt a été annulé en avril par la Cour de cassation et l'affaire a été renvoyée à Lyon.
Accusé par la Russie d’avoir détourné 400 millions d’euros
Âgé de 52 ans, cet ancien ministre des Finances de la région de Moscou est accusé par la Russie d'avoir organisé le rachat de créances de collectivités locales et de les avoir fait garantir par la région de Moscou pour obtenir des prêts dont il aurait détourné les montants, entre 2005 et 2008. Le montant de la fraude reprochée à son client est estimé aujourd'hui à 400 millions d'euros, après avoir atteint un temps 20 milliards de dollars, selon son avocat, Me Grégoire Rincourt.
"Ni la banque VTB [le bailleur de fonds concerné, ndlr] ni la région de Moscou n'ont porté plainte. En outre, tous les prêts ont été remboursés", souligne à l'AFP le conseil, en dénonçant un conflit "purement politique" qui s'inscrirait dans une "prise de contrôle de la région de Moscou" par le pouvoir russe.
“Un dossier monté de toutes pièces”
Selon la défense, à travers Alexeï Kouznetsov, c'est l'ancien président de la région de Moscou, Boris Gromov, héros de la guerre d'Afghanistan, qui serait visé. Un argument que le parquet général d'Aix avait balayé en décembre, soulignant que Boris Gromov a pu mener son mandat jusqu'en 2012 alors que M. Kouznetsov a fui la Russie dès 2008.
"C'est un dossier monté de toutes pièces, dans lequel on a déjà torturé son bras droit pour lui extorquer des aveux sur lesquels il est revenu", rétorque Me Rincourt, pour qui son client ne doit pas être extradé car il ne pourra pas bénéficier d'un procès équitable dans son pays.
Enquête aussi sur ses biens à Courchevel
Alexeï Kouznetsov fait parallèlement l'objet d'une enquête judiciaire à Lyon pour des faits présumés de blanchiment d'argent à Courchevel, où la Russie a demandé la saisie, à titre conservatoire, de deux hôtels de luxe rachetés en 2007 par son ex-épouse, Janna Bullock.
Cette Américaine d'origine biélorusse a fait fortune dans l'immobilier et la décoration avant de se lancer dans l'art contemporain et d'entrer au conseil d'administration de la fondation Guggenheim. Elle en a démissionné en 2010, rattrapée par des accusations de malversations financières en Russie et à Chypre. Alexeï Kouznetsov nie tout lien avec les affaires de son ex-épouse, selon son avocat.