ENTRETIEN – Le procès du meurtre de Valentin s’ouvre aujourd’hui devant la cour d’assises du Rhône. Sur le banc des accusés : Stéphane Moitoiret, accusé d’assassinat, et Noëlla Hégo, poursuivie pour complicité. En première instance, celle-ci a été condamnée à 18 ans de réclusion criminelle. Sa nouvelle avocate, Roksana Naserzadeh, dénonce une parodie de procès à Bourg. Elle demandera l’acquittement de sa cliente.
Lyon Capitale : Comment Noëlla Hégo aborde-t-elle ce deuxième procès ?
Roksana Naserzadeh : Elle est énormément angoissée, mais elle va s’exprimer, elle va apporter ses explications avec la plus grande sincérité.
Elle souhaite vraiment s’expliquer sur ce qui s’est passé ce soir-là ?
Depuis le premier jour de son interpellation, durant l’instruction et durant la première audience de cour d’assises, Mme Hégo a toujours répondu, avec constance et précision, à l’ensemble des questions qui lui ont été posées. Elle va continuer dans ce chemin-là, à la cour d’assises d’appel.
La personnalité des deux accusés est particulièrement singulière. Noëlla Hégo vit dans un autre monde, comme vous dites ?
Il y a un examen très profond que la cour d’assises doit faire de la personnalité de l’un, de la personnalité de l’autre et de l’addition des deux personnalités. Il va falloir apprécier cela, à travers ces trois éléments-là et non pas juste à travers la personnalité de Stéphane Moitoiret, ou celle de Noëlla Hégo, ou celle prise dans son ensemble. Il va falloir regarder la situation dans sa globalité.
En ce qui concerne Noëlla Hégo, les experts psychiatres, à l’unanimité, diront d’elle qu’elle a une altération très avancée de son discernement d’une part et, d’autre part, elle souffre d’une maladie que l’on appelle la paraphrénie, qui consiste à garder ses capacités intellectuelles tout en ayant un monde imaginaire extraordinairement développé. Elle a, sans cesse, un va-et-vient entre la réalité et son monde qu’elle construit depuis une vingtaine d’années.
“Noëlla Hégo n’a pas de sang sur les mains, ni sur la conscience”
Vous allez demander l’acquittement de Noëlla Hégo ?
Avec force et conviction, je vais demander l’acquittement de Noëlla Hégo. C’est à tort qu’elle a été condamnée par la cour d’assises de Bourg-en-Bresse. C’est également à tort qu’elle a été mise en examen du chef de complicité d’assassinat, et aujourd’hui je n’envisage d’autre possibilité que de demander l’acquittement tant il est vrai que les faits ne sont constitués ni d’un point de vue juridique ni d’un point de vue factuel. Dans cette affaire, aussi atroce que soit la mort de Valentin, et aussi grande que soit la douleur de sa famille, il faut tenir compte que Noëlla Hégo n’a pas de sang, ni sur les mains, ni sur la conscience. Elle mérite le traitement judicaire que l’on réserve aux personnes innocentes.
Quel regard portez-vous sur la première audience à Bourg ?
Il s’agissait d’une parodie de procès en termes d’équité, en termes d’impartialité et qui a, inéluctablement, abouti à un fiasco judiciaire.
La souffrance pour les parentsLes parents du petit Valentin appréhendent ce second procès “avec souffrance, car il faut replonger dans l’horreur. C’est très difficile pour eux de revivre l’histoire du carnage”, nous confie Me Gilbert Collard, à la veille de ce procès. Le mutisme de Stéphane Moitoiret lors de la première audience a été très difficile à supporter pour les parties civiles. “On avait affaire à des accusés qui esquivaient et on ne pouvait pas comprendre, explique l’avocat de la famille du petit Valentin. On espère toujours que les accusés évoluent, parlent.” Concernant le témoignage des experts, Me Collard est cinglant : “On va assister, comme toujours, à une querelle d’experts, la bataille entre les abolitionnistes et les autres. Nous voulons, avant tout, de l’humanité”, ajoute-t-il. |