Assises du Rhône: le désespoir d'une famille de Vaulx-en-Velin

Ce mercredi 12 novembre, la première journée d'audience du procès de Karim A., accusé d'avoir voulu tuer Frank S. qui avait eu un enfant caché avec sa soeur de 15 ans, Ayet A., a dessiné le décor d'une tragédie familiale dont les rebondissements sont loin d'être terminés. Ce soir de juin 2006, Frank S., la vingtaine, salue Karim A, 'un grand du quartier' et s'éloigne avec lui pour 'discuter'. Karim est énervé, il vient d'apprendre que sa soeur a eu un enfant quelques semaines plus tôt et qu'il est mort, dans des circonstances plus qu'obscures. Il demande ce qui s'est passé avec sa soeur, avant de sortir un revolver d'un fourré, et de tirer sur Frank, qui part en courant, déjà violemment blessé dans le dos. 'Je n'ai pas voulu le tuer, a assuré Karim aujourd'hui sur le banc des accusés, juste lui faire peur'.

Une histoire d'infanticide derrière la 'tentative d'homicide'
'Ayet mentait sans arrêt, c'est pour ça que j'ai coupé les ponts avec elle. D'ailleurs je ne sais toujours pas ce qui s'est vraiment passé avec le bébé', a déclaré Frank au sujet de la petite soeur de l'accusé. Grande et fine, vêtue de jeans et d'un blouson de cuir, la jeune femme qui n'est pas encore majeure a fait son entrée dans un silence pesant. Si le procès qui se tient jusqu'à demain devant la cour d'assises du Rhône concerne bien une tentative d'assassinat, l'affaire de l'infanticide dans laquelle Ayet est actuellement mise en examen a toutefois occupé une importante partie des débats. En 2006, alors que leur histoire part à vau-l'eau, Ayet tombe enceinte de Frank. Et accouche seule, au mois de mars. Le bébé sera retrouvé dans un sac poubelle, deux mois plus tard. 'Vous n'êtes pas ici pour cela, ce n'est pas vous que l'on juge', a précisé le président Catelain à la jeune fille, qui a oscillé entre les larmes et l'exaspération à l'évocation de cette enfant décédée. Cette seconde affaire, vécue comme un 'véritable drame' par la famille de Karim et d'Ayet, tend à être qualifié d'homicide involontaire par négligences, et devrait donc être jugée par un tribunal correctionnel, et non pas aux assises.

La loi du silence
Si Frank S., passé à deux doigts de la mort ce soir de juin, s'est constitué partie civile, il a toutefois largement atténué ses premières dépositions. Dans le même sens, les témoins cités à comparaître se sont quasi tous défilés. Une quinzaine d'habitants de ce quartier de Vaulx-en-Velin était pourtant présente lors du drame. 'Qu'y a-t-il, vous avez peur des représailles ?' a fini par demander l'avocat général à l'un des rares témoins qui s'est présenté cet après-midi à la barre. 'Non, je n'ai peur de personne, je n'ai pas reçu de menaces', a protesté ce dernier.

Lors de la deuxième journée d'audience, c'est la question de l'intention de tuer qui constituera sans doute le principal objet des débats. Frédéric Doyez, avocat de Karim, a aujourd'hui clairement annoncé qu'il demanderait la requalification des faits en 'violences avec arme', un crime passible d'une peine beaucoup moins lourde que la tentative d'homicide, et jugé devant un tribunal correctionnel.

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