Comptes en Suisse et à Singapour : Jérôme Cahuzac "dévasté par le remords"

L’ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac a pris rendez-vous avec ses juges pour reconnaître, contrairement à ce qu'il a toujours soutenu, qu’il possédait bien un compte en Suisse. Information qu'il a également confirmée sur son blog dans l'après-midi. L’ancien ministre serait en ce moment même entendu au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, selon nos confrères du Canard enchaîné.

Mis à jour 18h35

Jérôme Cahuzac a confirmé sur son blog ce mardi 2 avril détenir un compte en Suisse depuis une vingtaine d'années:

"Par lettre du 26 mars 2013, j’ai demandé à Messieurs les juges d’instruction Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke de bien vouloir me recevoir afin que, délivré des obligations de ma fonction, je puisse enfin donner les explications qui s’imposent au regard de la détention à l’étranger d’un compte bancaire dont je suis le bénéficiaire depuis une vingtaine d’années.

J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte et je les ai informés de ce que j’avais d’ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l’intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n’a pas été abondé depuis une douzaine d’années, soit environ 600.000 €, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris.

A Monsieur le Président de la République, au Premier Ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, je demande pardon du dommage que je leur ai causé. A mes collègues parlementaires, à mes électeurs, aux Françaises et aux Français j’exprime mes sincères et plus profonds regrets. Je pense aussi à mes collaborateurs, à mes amis et à ma famille que j’ai tant déçus.

J’ai mené une lutte intérieure taraudante pour tenter de résoudre le conflit entre le devoir de vérité auquel j’ai manqué et le souci de remplir les missions qui m’ont été confiées et notamment la dernière que je n’ai pu mener à bien. J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remords.

Penser que je pourrais éviter d’affronter un passé que je voulais considérer comme révolu était une faute inqualifiable. J’affronterai désormais cette réalité en toute transparence."

Nos confrères du Canard enchaîné évoquaient déjà une rencontre entre, l’avocat de Jérôme Cahuzac, Jean Veil, et le juge Renaud Van Ruymbeke le 27 mars pour lui faire part de la décision de son client de “passer aux aveux”. Un témoin auditionné pendant l’enquête préliminaire de police a également indiqué que les sommes versées sur ce supposé compte proviendraient de laboratoires pharmaceutiques, a rapporté le parquet de Paris, comme nous l’avions nous-même évoqué ici.

Une information judiciaire contre X visant l’ancien ministre du Budget avait été ouverte pour blanchiment de fraude fiscale, mais aussi perception par un membre d’une profession médicale d’avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale, blanchiment et recel de ce délit.

Ce mardi après-midi, Jérôme Cahuzac a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale.

Dans un communiqué, l'Elysée a réagi fermement après ces aveux : "Le président de la République prend acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac devant les juges d'instruction concernant la détention d'un compte bancaire à l'étranger. C'est désormais à la Justice d'en tirer les conséquences en toute indépendance. En niant l'existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays ainsi que devant la représentation nationale, il a commis une impardonnable faute morale. Pour un responsable politique, deux vertus s'imposent: l'exemplarité et la vérité."

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