Si le trafic n'a pas augmenté, il se caractérise plus par la saisie de gros stocks.
Alors qu'un projet de loi destiné à renforcer l'arsenal juridique contre la contrefaçon est en cours, le montant des saisies a triplé en deux ans au niveau régional. En 2004, la valeur des marchandises saisies à la douane représentait 813 500 euros. En 2006, on est passé à 3 129 000 euros. Essentiellement due à de grosses "prises", cette augmentation peut traduire une tendance nationale : au cours de ces dix dernières années, les saisies douanières de contrefaçons ont été multipliées par 8. Marché des Charpennes, un dimanche matin ordinaire. Sur les étals de vêtements, quelques tennis à deux bandes, pâles copies d'Adidas, des baskets "Noonses" ressemblant vaguement à des Nike Air...Des imitations trop lointaines pour être considérées comme de la contrefaçon. Une Villeurbannaise confie : " Sur le marché, on trouve souvent ce genre de copies : le modèle ressemble de loin à l'original mais le nom de la marque n'est pas le même. Les "vraies" contrefaçons, on se les procure plus "sous le manteau"". A la Direction Régionale des Douanes, une vitrine expose les prises de marchandises contrefaites. On y trouve en vrac des sacs Vuitton, des lunettes de soleil Chanel, des chaussures Dolce Gabana, des figurines Tintin et même une kalachnikov en plastique, destinés à être écoulé sur le marché lyonnais. Yves Mengin du Pôle Action Economique, explique : " Du moment où il y a une marque, on peut la copier. Mais on peut difficilement estimer les stocks en circulation. La majorité des objets qui échappent à la douane va être vendue sur les marchés. Les filières sont dures à remonter : dans le cas d'un trafic, on pourra trouver le responsable d'un entrepôt où vont être stockées les marchandises mais cela s'arrête là." En 2006, le service d'enquête de la douane était ainsi remonté jusqu'à un entrepôt abritant plus de 5000 paires de fausses Puma représentant 800 mille euros de marchandises. Si la douane a pour vocation d'arrêter les flux de marchandises, la division financière et de sûreté départementale prend le relais sur le territoire lyonnais. Il y a quinze jours, la saisie de fausses montres "Tag Heuer" sur le marché de Villeurbanne avait mené la police à démanteler un trafic d'objets contrefaits. 300 m3 de marchandises ont ainsi été saisis dans un entrepôt à Vaulx-en-Velin. "Il n'y a pas d'augmentation du trafic de contrefaçons globalement à Lyon, ce sont les grosses affaires comme celle-ci qui expliquent l'augmentation de la valeur des biens saisis", expose Yves Mangin.