En dépit de la création, au lendemain de l’affaire Cahuzac, d’un parquet national financier flanqué d’enquêteurs spécialisés, les brigades économiques et financières restent le parent pauvre de la police française. En région, les limiers manquent pour lutter contre cette délinquance invisible, qui peut coûter gros à l’État, comme lui rapporter beaucoup.
Un ancien président de la République coincé dans un ascenseur hors d’âge, la crème des flics anticorruption en rade de véhicule disponible au moment de transférer l’ex-chef de l’État entendu dans leurs locaux. La première audition de Nicolas Sarkozy au siège de l’OCLCIFF a jeté une lumière crue sur le manque de moyens de cet organisme, bras armé du parquet national financier (PNF) et unité d’élite française de la lutte contre la grande délinquance économique et financière. On imagine dès lors la disette aux échelons inférieurs. Dans les PJ et les parquets en région, là où l’on traite des marchés publics frauduleux, des magouilles de chefs d’entreprise, des surfacturations d’actes médicaux, le manque de moyens est criant. “Les PJ sont noyées”, a-t-on entendu au cours de notre enquête. “L’état des services et unités d’enquête en matière de délinquance économique et financière est incompatible avec la politique active que voudrait y mener le ministère public”, soulignaient déjà les procureurs de l’Hexagone dans leur Livre noir de la justice publié en 2017. “La création du PNF n’a pas engendré d’évolution majeure en termes de moyens d’enquête au niveau local”, observe Marc Cimamonti, président de la conférence nationale des procureurs. À Lyon, où il est en poste depuis six ans, il a dû réduire la voilure à trois magistrats spécialisés.Fuite des cerveaux
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