Jeudi et vendredi, sept militants d'extrême droite seront jugés au tribunal correctionnel de Lyon. Ils sont suspectés d'avoir participé à une ratonnade en juillet 2019, alors que des supporters algériens célébraient la victoire de leur équipe en Coupe d'Afrique des Nations.
"[Ma cliente] n'a plus mis les pieds dans le Vieux Lyon depuis quatre ans. Elle n'y mettra plus les pieds." Ces jeudi et vendredi, maître Sarah Just, avocate au barreau de Lyon, représentera une enfant âgé d'un an au moment des faits, sa mère et son père, agressés, et victimes d'insultes racistes. L'attaque remonte au vendredi 19 juillet 2019. Ce soir-là, l'Algérie remporte la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) dans la foulée, des cortèges de voitures défilent dans la capitale des Gaules pour célébrer cette victoire.
"Injures publiques à caractère racial et violences"
Aux alentours de 23 h 30 sur le quai Fulchiron tout proche du Vieux Lyon, une trentaine d'hommes, visages dissimulés pour la plupart, s'en prennent à plusieurs personnes du cortège, le tout, dans un flot d'insultes racistes. Quelques mois plus tard, la police interpelle douze personnes, sept seront mis en examen, notamment pour "injures publiques à caractère racial et violences". Ces jeudi et vendredi 15 et 16 juin, ils seront jugés devant le tribunal correctionnel de Lyon. En face, trois familles se sont constituées parties civiles, toutes étaient avec des enfants dans leurs véhicules.
Les sept individus mis en cause ont "tous appartenus à des mouvements comme le GUD ou Bastion social, des mouvements identitaires, détaille Me Just. On a retrouvé des armes chez certains, des livres d'extrême droite chez d'autres, appuie encore la conseil". Selon nos confrères de Rue89Lyon, certains des prévenus seraient également des habitués du Virage Sud au Groupama Stadium, groupe d'ultra de l'Olympique lyonnais. "Tous ont des tatouages racistes et d'extrême droite, ajoute Me Just. Lors de l'attaque, l'un d'eux s'en est pris à la voiture de la famille avec un fléau artisanal ! La maman a signalé qu'elle avait sa petite dans la voiture, ils ont répondu 'on n'en a rien à foutre de ton bougnoule'."
La question de la préméditation de l'attaque devra être largement abordée, les sept individus étant notamment mis en examen pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations". Les participants s'étaient par ailleurs retrouvés quelques heures plus tôt au Gump's Corner, pub de la place Carnot. "Ils étaient tous plus ou moins armés, certains avec des armes ramenées depuis leur domicile, mais ils diront qu'ils n'ont fait que suivre le groupe et qu'il n'ont pas participé", anticipe Me Just.
Lyon Capitale a tenté de joindre des avocats de la défense, sans succès.