Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi matin, le procureur de Chalon-sur-Saône, Christophe Rode, a confirmé que l’homme arrêté dans les Landes a bien tué Christelle Blétry en 1996. Cette affaire s’inscrit dans celle, plus vaste, des “disparues de l’A6”.
Dix-huit ans après les faits, les enquêteurs ont arrêté, il y a trois jours, le meurtrier présumé de Christelle Blétry, tuée de 123 coups de couteau en 1996, à Blanzy, en Saône-et-Loire.
Condamné pour agression sexuelle en 2004
Le procureur de Chalon, Christophe Rode, a expliqué les conditions de cette arrestation, réalisée par la PJ de Bordeaux, tout en précisant que le dossier n'avait jamais été clôturé.
Le suspect, âgé de 55 ans, a été mis en examen et placé en détention provisoire à la suite d'analyses ADN sur les vêtements de la victime, tuée à l'âge de 20 ans. L'homme figurait dans le fichier Fnaeg (Fichier national des empreintes génétiques) car il avait été condamné en 2004 pour une tentative d'agression sexuelle, a précisé le procureur.
“Tuer quelqu’un et le lendemain reprendre sa vie”
"Dans un premier temps, il n'a pas reconnu les faits puis a fini par avouer", a déclaré Christophe Rode. Visiblement, la jeune fille a tenté de s'enfuir, le suspect s'est alors emparé d'un couteau puis l'a rattrapée. Cette version des faits a été maintenue par le meurtrier présumé qui a reconnu avoir tué la jeune Christelle.
Le corps de la jeune femme, élève d'un lycée professionnel agricole à Verosvres, avait été découvert par un postier le 28 décembre 1996, près d'un étang. La veille, la jeune femme avait prévu de rentrer à pied d'une soirée chez des amis à Blanzy, mais elle n'est jamais rentrée. L'autopsie n'avait révélé aucune trace de violence sexuelle.
Au sujet du caractère de l'intéressé, Christophe Rode a eu des mots glaçants : "C'est quelqu’un qui est arrivé à cliver totalement son existence : tuer quelqu'un et le lendemain reprendre sa vie." Depuis 2004, l'homme, marié et père de deux enfants, n'avait jamais fait parler de lui et était inconnu des services de police.
L’affaire des disparues de l’A6
Christelle Blétry faisait partie des “disparues de l'A6”, ces jeunes femmes assassinées entre 1985 et 2005 le long de l'autoroute qui traverse le département de Saône-et-Loire. En l'espace de vingt ans, quelque 14 jeunes femmes âgées de 13 à 23 ans ont été sauvagement tuées dans un rayon de 200 km le long de cette route.
Christophe Rode confirme que, dans l'affaire de Christelle Blétry, la piste d'un tueur en série avait été étudiée par les enquêteurs. Pas moins de trois tueurs en série avaient en effet "séjourné" dans cette région au cours des trente dernières années : Émile Louis, qui avait avoué l'assassinat de 7 jeunes filles disparues dans les années 1970 dans l'Yonne, Francis Heaulme, surnommé le “Routard du crime” et reconnu coupable de 9 meurtres dans au moins huit affaires, et Michel Fourniret, qui a avoué 9 meurtres commis entre 1987 et 2001.