Il y avait du monde à la cour d’assises du Rhône mardi. Les deux avocats généraux ont fait leur réquisitoire, et les peines réclamées sont lourdes.
La matinée a été dédiée à la plaidoirie de l’avocate générale et du substitut ainsi qu’à leur réquisitoire. Le magistrat, Philippe Renzi, a commencé en parlant des trois complices, Nadia K., Sylvie P. et Eugène B. “Ne nous trompons pas de procès, ce n’est pas le procès de la prison ni de la longue peine, dira-t-il aux six jurés, quatre femmes et deux hommes. Mettez-vous à la place de ceux qui ont été séquestrés !” Il expliquera tout de même que, pour ce qui est de l’amélioration des conditions de vie en milieu pénitentiaires, il fallait “laisser le temps au temps”.
Il développera le rôle prépondérant des complices dans une évasion : “S’évader, c’est un choix de vie, et pour cela il faut des complices.” Or, pour lui, le “maillon indispensable” dans cette affaire c’est Eugène B., car “sans [lui] Nadia K. n’aurait rien fait” (lire notre précédent compte rendu). Philippe Renzi requiert donc 9 ans d’emprisonnement pour Nadia K., Sylvie P. et Eugène B. Une peine lourde, mais qui n’apparaît pas comme telle au substitut général puisque, selon lui, les trois complices ayant déjà fait 4 ans de préventive, ils pourront demander une liberté conditionnelle dans peu de temps.
Le choix de Christophe K.
Jacqueline Dufournet, l’avocate générale, s’est penchée pour sa part sur les cas de Christophe K. et d’Omar T. Du premier, qu’elle considère comme le “cerveau” de l’affaire, elle dira : “C’est son choix de ne pas accepter la prison”, ajoutant que s’il n’avait pas fait autant de tentatives d’évasion il aurait été libérable plus tôt. Elle requiert pour Christophe K. de 20 à 22 ans d’emprisonnement. Pour Omar T., ce sont 18 à 20 ans. Et l’avocate générale de conclure : “La liberté ne s’obtient pas par la force.”
Le rôle des complices
Maître Metaxas, l’avocat d’Eugène B., parlera de son client comme d’un “homme qui n’en peut plus, un homme à bout”. Un homme qui, selon lui, est dans un état de tension tel qu’il va jusqu’à agresser Christophe K. en plein prétoire et devant ses juges (lire précédent compte rendu). “S’il est dans cet état-là, c’est parce qu’il est en prison depuis dix ans !” défendra Me Metaxas. Parlant des faits pour lesquels Eugène B. est poursuivi, il demandera aux jurés de définir la complicité. En effet, l’accusé est poursuivi pour complicité d’homicide et de séquestration. Sachant qu’Eugène B. ne s’est pas évadé de la prison, Me Metaxas interroge : “Complice de quoi ? Tous ces faits se sont déroulés bien loin de lui !” Pour appuyer son point de vue, il demandera aux jurés : “Il sert à quoi, Eugène B. ? Si on l’enlève de l’équation, tout se passe de la même manière !”
Pour ce qui est de Nadia K., son avocate, Me Puiberneau, parlera d’une femme qui s’est perdue dans sa relation avec Eugène B., une femme à qui “on impute un rôle qui la dépasse”. Elle conclura, s’adressant aux jurés : “C’est vous qui décidez, vous êtes dépositaires de sa vie.”
C’est une femme épuisée qui est dépeinte par Me Lebras, l’avocat de Sylvie P. À l’époque des faits, elle est “amoureuse et désespérée”, aujourd’hui, quatre ans plus tard, “c’est une mère célibataire et usée par la détention”. Il terminera sa plaidoirie en clamant que “Sylvie P. a fait son temps en prison, elle n’y a plus sa place”.