Dans une tribune publiée par Libération, Garry Kasparov a critiqué la décision prise par la chambre de l’instruction de Lyon d’extrader le Kazakh Moukhtar Abliazov vers la Russie. Selon le champion du monde d’échecs, opposant à Vladimir Poutine, “les juges de la cour de Lyon ont décidé d’extrader l’homme d’affaires (...) persécuté vers la Russie, en présumant le respect du droit européen par les Russes (...) alors qu’il n’y a de loi en Russie que celle de Poutine”.
Dans son texte, Garry Kasparov revient sur l'audience à laquelle il a assisté, à Lyon, le 17 octobre dernier. Venu dans "l'espoir de témoigner à quel point il était sans espoir qu'Abliazov puisse bénéficier d'un procès équitable à Moscou", l'ancien champion d'échecs n'a pas été entendu par la chambre de l'instruction de Lyon.
L’esprit de Vladimir Poutine
Deux autres Russes, Lev Ponomarev, député et militant des droits de l'homme, et l'avocat Marc Feygin, conseil des Pussy Riot, étaient également venus de Russie pour témoigner.
"L'esprit de Vladimir Poutine était aussi manifestement présent à Lyon qu'à Moscou, et le résultat s'en est trouvé honteusement similaire", dénonce Garry Kasparov. Il souligne aussi que les procureurs russes n'ont transmis aucune pièce à conviction à Lyon, "sous prétexte que la cour n'en avait pas demandé". "Comme dans les tribunaux de Poutine, les preuves ne sont pas nécessaires et les témoins de la défense sont bannis", ajoute-t-il.
La demande d’extradition : une audience difficile ?
Finalement, Garry Kasparov soulève une question juridique importante : la difficulté de prendre une décision en matière d'extradition. Si les juges ne doivent pas examiner le fond du dossier, ils doivent en appréhender toute la teneur, durant une audience relativement courte, où seul le pays requérant peut s'exprimer sur sa demande.