Grenoble tribunal
© Maud Guillot

La “veuve noire” aimait trop le casino

Accusée d’avoir assassiné son mari, Daniel Cano, le 31 octobre 2008, Manuela Gonzalez, épouse Cano, surnommée par la presse “la veuve noire de l’Isère”, comparaît depuis lundi à la cour d’assises de Grenoble. Son procès met en exergue son rapport à la richesse. Entre jeux aux casinos, dettes accumulées et transferts d’argent suspects, le patrimoine financier de Manuela Gonzalez reste difficile à définir.

"L’objectif de Manuela, c’est d’avoir de l’argent, affirme Gilbert Martoia, son premier mari. Pour elle, la réussite c’est cela, notamment par rapport à son statut social." L’accusée est en effet issue d’une famille espagnole modeste, comptant huit enfants. Elle divorce de Gilbert Martoia suite à une dispute concernant une auto-école que le couple avait achetée en 1979. Pour lui, c’est parce qu’il ne pouvait plus lui assurer de sécurité financière que Manuela l’a quitté. Quelques amants après, elle rencontre Daniel Cano en 1997. Elle l’épouse et c’est avec lui que Manuela va découvrir l’univers des casinos.

163 000 euros de jeux

"J’ai connu les jeux et le casino avec M. Cano", affirme-t-elle, reconnaissant aussi sa passion pour le jeu. Un expert psychiatre ayant mené une enquête de personnalité décrit Manuela comme ayant "une attirance" pour l’argent et "l’appât du gain".

D’après l’étude des comptes de Manuela Gonzalez-Cano, réalisée par la section de recherche de la gendarmerie de Grenoble, un seul chèque à un casino apparaît comme étant signé du nom de Daniel Cano. Le gendarme venu rendre compte de son étude raconte : "Manuela va très régulièrement au casino, plutôt dans la semaine, quand son mari travaille à Chambéry."

De l’étude des comptes de celle-ci, il ressort qu’entre 2007 et 2009 Manuela avait perdu 90 000 euros dans des jeux d'argent, pour 163 000 euros joués…

De nombreuses dettes

"Le niveau d’endettement du couple était important", précise le gendarme ayant étudié les comptes de l’accusée. Pour faire face, Manuela Gonzalez-Cano souscrit un prêt hypothécaire, avant la mort de son mari, d’un montant de 165 000 euros, sur la maison qu’elle possède avec celui-ci à Villard-Bonnot. Selon la même source, ce prêt – signé par Manuela, puisque la signature de son mari n’a pas été identifiée sur le document attestant le prêt – a été acté sans le consentement de ce dernier. En effet, en mars 2008, Daniel Cano déclare ne pas connaître l’existence de ce prêt.

Pour assouvir sa passion pour le jeu, Manuela Cano avait aussi acquis plusieurs crédits à la consommation, pour une valeur totale de près de 100 000 euros, mais finit avec 90 000 euros de dette auprès des différents organismes de crédit qu’elle a sollicités.

Des opérations bancaires suspectes

Autre fait troublant, lors d’une perquisition réalisée au domicile du couple Cano, le 31 octobre 2008, une somme de 27 700 euros est découverte par les gendarmes dans le canapé du salon.

Pour ajouter à ce millefeuille financier, les gendarmes chargés de l’étude des comptes de Mme Cano ont trouvé l’existence d’entre 20 et 30 comptes, domiciliés à différents endroits, tous liés à la famille de Manuela. Or, avec ces différents comptes, Manuela Cano aurait réalisé plusieurs transferts d’argent suspects à partir du compte commun du couple où étaient enregistrées les sommes qu’elle gagnait quelquefois au casino.

Elle aurait aussi vidé certains des comptes de son mari, retirant une somme totale de 11 000 euros, pour mettre l’argent sur le compte commun du couple avant de transférer ce montant sur des comptes à elle. "Ces transferts d’argent sont réalisés juste avant, pendant ou après avoir joué au casino", précise le gendarme qui a participé aux études des comptes de cette dernière.

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