Serge Deygas, bâtonnier du barreau de Lyon © Antoine Merlet
Serge Deygas, bâtonnier du barreau de Lyon © Antoine Merlet
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“Le Gouvernement est sourd à nos demandes” (Serge Deygas, bâtonnier)

Entré en fonctions le 1er janvier avec sa vice-bâtonnière, Joëlle Forest-Chalvin, le successeur de Farid Hamel débute son mandat par un important mouvement social. Comme dans le reste du pays, les avocats du barreau de Lyon sont mobilisés depuis le début de l’année dans une retentissante grève contre la réforme de leur caisse de retraite. Ils ont perturbé la rentrée solennelle de la cour d’appel, boudée par Serge Deygas, et retardé la tenue du procès Preynat, pour signifier leur opposition à une refonte qui les verrait perdre leur indépendance, cotiser plus pour toucher moins à la retraite.


Lyon Capitale : Le barreau de Lyon connaît un important mouvement de grève depuis plusieurs semaines. Vous apprenez la fonction de bâtonnier en accéléré ? Serge Deygas : Nous vivons un mouvement de grève totalement inédit par son ampleur et sa profondeur. Il ne s’agit pas que de Lyon, l’ensemble du barreau français est en grève. L’exaspération des avocats est très grande. Notre représentation nationale, le Conseil national des barreaux, a rencontré la ministre, Nicole Belloubet, et le secrétaire d’État à la réforme des retraites (1). Ce rendez-vous a donné lieu à un échange qui a débouché sur une promesse du Gouvernement de faire des propositions écrites. Propositions qui n’en sont pas réellement, puisqu’il n’y a pas d’avancées sur nos revendications. Quelles sont-elles, ces
revendications ? Le maintien de notre régime autonome de retraite. Nous bénéficions depuis l’après-guerre d’un régime construit par la profession, sur instigation de l’État. Un régime autonome, indépendant de l’État – ce n’est pas un régime particulier. La caisse se porte bien, nous l’avons gérée de façon vertueuse, modulant les cotisations quand il le fallait tout en profitant d’une pyramide des âges favorable avec actuellement environ cinq actifs pour un retraité. Nos effectifs continuent d’augmenter, d’environ 2,5 % par année. Nous vivons très mal le fait qu’aujourd’hui on nous dise “Votre régime qui a bien fonctionné, il faut y renoncer pour entrer dans un régime universel, au même titre que les salariés”, alors que nous sommes une profession indépendante. Nous dépendrions de l’État pour le montant des cotisations, et on sait que dans le nouveau régime elles devront pratiquement être doublées, en bénéficiant d’une retraite inférieure de 30 %. La retraite de base étant de 1 400 euros, elle passerait à environ 1 000 euros. Quelle profession pourrait accepter une telle situation ? Au passage, les réserves, qui s’élèvent à environ 2 milliards d’euros, seraient également happées au bénéfice du régime universel.

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