Le maire divers-droite de Sanary-sur-Mer, Ferdinand Bernhard, a été placé lundi en garde à vue dans les locaux de la Section de recherche (SR) de la gendarmerie de Marseille. L’élu de cette station balnéaire du Var, très prisée par les vacanciers lyonnais, est interrogé dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en 2012 pour favoritisme, corruption et prise illégale d'intérêts, révélée à l'époque par Lyon Capitale.
L’enquête a été ouverte quelques mois après la publication d’un rapport de la Chambre régionale des comptes qui épinglait la gestion de Ferdinand Bernhard. Outre un "autofinancement insuffisant", un "endettement élevé" et une "trésorerie tendue", les magistrats avaient pointé du doigt des "procédures atypiques qui ne sont pas sans risque juridique", notamment en matière de recrutement du personnel.
"La plupart des décisions importantes examinées (…) ont été prises non par le conseil municipal mais par le maire", notait également la Chambre des comptes. Celui-ci allant parfois "même au-delà de la délégation qui lui est accordée. Dans ce cadre, les conditions d’attribution de certains contrats ou marchés peuvent s’avérer discutables".
Lyon Capitale avait raconté en 2012 l’histoire du terrain de Beaucours. En 2009, le maire s’était fait délivrer par son adjoint à l’urbanisme un permis de construire sur un terrain de 1 500 m2, situé près de la mer. Trois ans plus tard, les magistrats écrivaient : "En l’espèce, c’est comme si le maire se délivrait un permis de construire à lui-même, situation potentiellement assimilable à un conflit d’intérêts".
A l’époque, Ferdinand Bernhard ne semblait pas très perturbé par ces révélations : "On peut toujours monter des dossiers et employer des grands mots, mais il faut quelque chose derrière, avait-il déclaré à Lyon Capitale. Tous ces gens qui sont incapables de gagner une élection essayent de m’éliminer autrement. Ils n’y arriveront pas".
C’est la juge d’instruction Christine Saunier-Ruellan, de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille, qui est en charge du dossier. L’année dernière, les gendarmes ont multiplié les auditions, notamment des membres de l’entourage de Ferdinand Bernhard. Et en septembre, la mairie de Sanary a été perquisitionnée. "Nous sommes soulagés, souffle Olivier Thomas, conseiller municipal d’opposition et partie civile dans cette affaire. Il va enfin devoir s’expliquer. Il va devoir enfin répondre à toutes les questions que je lui ai posées en conseil municipal et auxquelles il n’a jamais répondu".
Tout en rappelant la présomption d’innocence, l’élu divers-droite Olivier Thomas se présente comme un "lanceur d’alerte fortement exposé" : "Nous avons subi des pressions, des menaces, avec des gens qui appelaient chez nous pour nous dire de faire attention… Le climat était vraiment difficile à supporter". Olivier Thomas s’est présenté aux élections municipales de 2014 face Ferdinand Bernhard. Le maire sortant l’a emporté avec plus de 53% des suffrages dans une triangulaire avec le Front National.