Le suspect libéré pour une erreur de fax devant les assises

Le procès de deux hommes accusés du meurtre d’un DJ au Blanc-Mesnil s’ouvre ce vendredi devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis. En début d’année, cette affaire avait fait réagir la garde des Sceaux, Christiane Taubira : le principal suspect avait été remis en liberté pour une raison de procédure, un document n’ayant pu être envoyé par fax car l’appareil manquait d’encre. Le jeune homme comparaît donc libre.

Viendra ou ne viendra pas ? Le principal suspect, nous assure l’entourage de son avocat Me Portejoie, sera bien présent à son procès. Me Tacita, avocate des parents de la victime, reste prudente : "C'est toujours ce qu'on espère. Mais la seule parole de l'avocat n'est pas une garantie en soi." Ses clients, très affaiblis, "pétris de douleur", préfèrent, eux, rester discrets.

Tué à coups de chaise

L'homme, en compagnie d'un ami, est accusé d'avoir tué, lors de la nuit de la Saint-Sylvestre 2011, Claude Elisor, un père de famille de 33 ans et DJ amateur. Vers 4h du matin, cet homme a été frappé à mort par une dizaine de personnes pour motif qu’un jeune n’avait pas pu rentrer à cette soirée privée au Blanc-Mesnil. Le suspect, un jeune homme âgé de 22 ans, s'était de lui-même présenté le 8 janvier 2012 à la gendarmerie, en compagnie de sa mère. De nombreux témoins de la scène, qui participaient au réveillon, l'ont reconnu, ainsi qu'un autre homme, ami du suspect, comme auteur principal des coups portés à la victime, notamment avec l'aide d'une chaise.

Il manquait de l’encre dans le fax

Coup de théâtre, en début d'année, le jeune homme a été relâché : son avocat, Me Portejoie, avait demandé la libération de son client, estimant qu'il était détenu "arbitrairement". Après avoir fait appel de son maintien, un défaut d'encre avait empêché le fax d'être envoyé. Résultat, le suspect, placé sous contrôle judiciaire, a été relâché. À l'époque, l'affaire avait fait grand bruit, le syndicat des avocats de France soulignant le manque de moyens matériels et humains dans cette juridiction importante. Christiane Taubira elle-même avait donné son feu vert à une enquête sur ce dysfonctionnement. La ministre de la Justice avait souligné également que la communication électronique des pièces en matière pénale n’était pas encore autorisée par la loi. Un texte sur la simplification des procédures devrait prochainement y remédier.

“Il ne faut pas se disperser”

Mais, dès ce vendredi, le cœur du dossier, c'est-à-dire la mort d'un homme, doit être avant tout débattu. Les deux présumés meurtriers clament leur innocence. "Le procès ne doit pas s'arrêter à cette histoire de fax, estime Me Tacita. Il s'agit de la mort d'un homme, il ne faut pas se disperser", affirme-t-elle. Les débats sont prévus sur une semaine et le verdict est attendu vendredi prochain, le 23 mai.

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